
Rendre presque poétique les épisodes difficiles de son enfance traumatisante, voilà l’exploit réalisé par Edouard Louis, autrefois connu sous le nom d’Eddy Bellegueule. Parce que le titre n’est pas seulement fait pour attirer l’attention: l’auteur veut bel et bien en finir avec cet enfant qui devait se renier pour rentrer dans le moule de ce monde qui ne lui correspondait pas. Edouard Louis exorcise ses propres démons, ça se sent et ça se ressent mais en même temps, il parvient à nous rendre sa propre histoire accessible, à nous toucher par ses expériences que nous n’avons pas vécues.
Lire En finir avec Eddy Bellegueule, c’est aussi toucher du doigt une réalité que beaucoup d’entre nous ont tendance à oublier ou encore à masquer derrière des images préconçues. L’environnement d’Eddy, où la vie de tous les jours est un combat contre la pauvreté, une lutte pour satisfaire les exigences d’une classe, peut sembler caricatural. Et pourtant, l’auteur ne tombe pas dans les stéréotypes, ses personnages ont une grande profondeur, malgré leurs traits de caractère communs. On apprend à aimer le père, même s’il est à l’origine du martyre de son fils pas comme les autres, on s’attache à la mère, à la sœur, à tous ces gens qui n’ont pas su échapper à leur classe. Eddy, lui a réussi, il est parti, il a gravi l’échelle sociale, il s’est mieux adapté dans un milieu qui n’était initialement pas le sien. Comme quoi, il n’y a pas que la reproduction sociale de nos jours, il est aussi possible de changer de vie… Mais à quel prix?
Résumé de l’éditeur
« Je suis parti en courant, tout à coup. Juste le temps d’entendre ma mère dire Qu’est-ce qui fait le débile là? Je ne voulais pas rester à leur côté, je refusais de partager ce moment avec eux. J’étais déjà loin, je n’appartenais plus à leur monde désormais, la lettre le disait. Je suis allé dans les champs et j’ai marché une bonne partie de la nuit, la fraîcheur du Nord, les chemins de terre, l’odeur de colza, très forte à ce moment de l’année. Toute la nuit fut consacrée à l’élaboration de ma nouvelle vie loin d’ici ». En vérité, l’insurrection contre mes parents, contre la pauvreté, contre ma classe sociale, son racisme, sa violence, ses habitudes, n’a été que seconde. Car avant de m’insurger contre le monde de mon enfance, c’est le monde de mon enfance qui s’est insurgé contre moi. Très vite j’ai été pour ma famille et les autres une source de honte, et même de dégoût. Je n’ai pas eu d’autre choix que de prendre la fuite. Ce livre est une tentative pour comprendre. »
De mon enfance je n’ai aucun souvenir heureux. Je ne veux pas dire que jamais, durant ces années, je n’ai éprouvé de sentiment de bonheur ou de joie. Simplement la souffrance est totalitaire : tout ce qui n’entre pas dans son système, elle le fait disparaître.
Plus d’informations et de citations sur Babelio.
Bonsoir,
J’ai vu l’adaptation (libre) au cinéma de ce livre: ‘Marvin’ d’Anne Fontaine, qui va sortir dans les mois qui viennent…super film !
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Bon à savoir, je vais guetter sa sortie !
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