La-mort-est-mon-metier-robert-merle-folio-seconde guerre mondiale

Ce livre est dérangeant, vraiment dérangeant. Parce Rudolf Lang n’est pas un fanatique nazi persuadé d’avoir raison dans sa folie exterminatrice, ni un barbare qui se délecte de la mort de millions d’hommes. Non, en fait, Rudolf Lang ne fait qu’obéir aveuglément aux ordres, aussi inhumains et inconcevables soient-ils. Voila ce qui dérange: l’idée qu’un homme puisse être aussi totalement privé de libre arbitre du simple fait de son éducation et que cela l’amène à entrainer la mort de millions de gens innocents. Ce qui dérange c’est de voir que l’organisation nazie reposait majoritairement sur ce type d’hommes, qui avaient grandi dans l’idée du respect de l’autorité et qui étaient incapables de s’y opposer. Rudolf Lang a tenu bon jusqu’au bout dans son entêtement incompréhensible à honorer les décisions de ses supérieurs, il n’a même pas tenté de s’esquiver pour sauver sa peau, il s’est lui-même passé la corde au cou en énonçant froidement les chiffres.

Ce qui m’a marqué dans ce livre, c’est la scène où Auschwitz commence seulement à devenir un camp d’extermination et où ils testent les moyens d’exterminer le plus de Juifs en un minimum de temps. Ces calculs font froid dans le dos, surtout quand ils sont décrits avec la plume implacable de Robert Merle, qui ne fait preuve d’aucune pitié en décrivant les premiers essais au pot d’échappement, lorsqu’on enfermait les Juifs dans un camion pour les asphyxier tranquillement, créant ainsi des corps de gazés répugnants. Au delà de la barbarie, c’est la vie quotidienne du bourreau qui surprend : les scènes de réunion de famille, où l’homme qui vient d’assassiner des centaines de milliers d’innocents déguste son repas avec ceux qui lui sont proches, heureux d’être en famille et oublieux de celles qu’il a détruites.

Quand on prend conscience que ce type d’hommes existe vraiment, et qu’ils existent toujours, on a tout simplement peur. Ce livre fait partie de ceux qu’on oublie pas.


Résumé de l’éditeur :

« Le Reichsführer Himmler bougea la tête, et le bas de son visage s’éclaira…

– Le Führer, dit-il d’une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif en Europe.

Il fit une pause et ajouta:

– Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche.

Je le regardai. Il dit sèchement :

– Vous avez l’air effaré. Pourtant, l’idée d’en finir avec les Juifs n’est pas neuve.

– Nein, Herr Reichsführer. Je suis seulement étonné que ce soit moi qu’on ait choisi… »


(…) je vis qu’il fallait , comme dans une usine, mettre en place une chaine continue qui conduirait les personnes à traiter, du vestiaire à la chambre à gaz, et de la chambre à gaz aux fours, dans un minimum de temps.

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