karpathia - mathias menegoz - prix interallié - éditions pol - littérature française

🏆Prix Interallié 2014

Karpathia est un premier roman très ambitieux, une fresque des années 1830 en Transylvanie, région à la marge de l’Europe des Lumières qui vit encore au temps du féodalisme des seigneurs et des serfs.

Alexander et Cara Korvanyi, fraichement débarqués de Vienne où ils viennent de se marier après que le comte eut quitté l’armée, idéalisent beaucoup la Korvanya, lointaine terre ancestrale. Ici, rien ne fonctionne comme ailleurs, entre les superstitions des paysans, le découpage entre différentes « nations » qui ne parlent pas la même langue et ne bénéficient pas des mêmes droits, et les luttes de pouvoir entre les différents seigneurs du coin. Il leur faut bien s’adapter à ce climat d’hostilité constante, et faire respecter leur décision de revenir s’installer au château de leurs ancêtres. Mais les mauvaises surprises ne font que se multiplier, au grand dam d’Alexander qui voulait plus que tout restaurer sa puissance seigneuriale. Une succession d’incidents mènera finalement à une guerre ouverte avec une bande forestiers rebelles à toute sorte d’autorité, et vivant de la contrebande.

Mathias Menegoz nous présente petit à petit tous les personnages de ce grand tableau, chacun ayant un rôle précis et indispensable à jouer, pour justifier le dénouement. Avec finesse, il explore les forces et les faiblesses de ses personnages, il explore la formation des croyances, le travail de sape des ennemis, la fierté maladive et l’honneur déplacé. Il tisse une toile formidable, complexe, qui ne laisse pas de répit au lecteur et l’attire irrémédiablement au cœur du récit, captivant son attention et son imagination.

C’est, en bref, un roman historique merveilleusement bien ficelé, qui n’est pas sans rappeler les romans russes (Tolstoï) abordant les mêmes thèmes : sens du devoir, honneur, amour, patrie, terre ancestrale, héritage tant pécuniaire que moral.


Résumé de l’éditeur :

En 1833, à la suite d’un duel, le capitaine hongrois Alexander Korvanyi quitte brutalement l’armée impériale pour épouser une jeune autrichienne, Cara von Amprecht. Avec elle il rejoint, aux confins de l’Empire, les terres de ses ancêtres.

La Transylvanie de 1833 est une mosaïque complexe, peuplée de Magyars, de Saxons et de Valaques. D’un village à l’autre, on parle hongrois, allemand ou roumain ; on pratique différentes religions, on est soumis à des juridictions différentes. Le régime féodal y est toujours en vigueur et les crimes anciens sont parés de vertus nouvelles. La région est une poudrière où fermentent les injustices, les vieilles haines, les trafics clandestins, les légendes malléables et les rêves nouveaux.

À leur arrivée, Alexander et Cara sont immédiatement confrontés à une série de crises allant bien au-delà de la gestion d’un vaste domaine longtemps abandonné aux intendants. Avec leurs ambitions et leur caractère, ils atteindront les frontières incertaines de la puissance et du crime.


Pour obtenir une renaissance, ne fallait-il pas d’abord mourir, ou au moins tuer? Pour Alexander, c’était les deux faces de la même pièce à donner en péage. Le salaire de Charon ou une offrande à Diane.

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