L’histoire de Vernon Subutex, dans les deux premiers tomes, c’est l’histoire d’un homme, de tout un groupe de personnes même, qui ne vit plus vraiment avec son époque, qui se laisse porter par les circonstances, débris représentatif d’un autre mode de vie. L’histoire de la bande à Subutex dans le tome 3, c’est l’histoire d’un monde apocalyptique, le nôtre, ce monde d’aujourd’hui où on ne sait jamais si on ne va pas mourir demain à cause de la folie des autres.
Je n’avais pas lu les deux premiers tomes de Vernon Subutex avant la sortie du troisième. Ayant lu les 3 d’un coup, j’avoue que le bilan a été assez mitigé. Virginie Despentes a un vrai talent pour les portraits : l’exactitude avec laquelle elle décrit le ressenti de Vernon au fur et à mesure de ses nuits dans la rue ne peut que nous émouvoir, nous transporter, nous donner la vive impression de « comprendre » (si tant est que nous puissions comprendre, nous qui n’avons jamais connu la rue). Le premier tome est profond, sentimental, presque dénué d’action, juste une succession d’épisodes qui pourraient n’avoir aucun rapport entre eux. C’est probablement pour ça sans doute que c’est celui que j’ai préféré. C’était le plus vrai, le plus juste. Le deuxième joue plus sur la corde humoristique, c’est plutôt loufoque cette histoire de rave partie sans drogue, ce vieux clodo habité par l’âme d’un DJ de génie, des sons sortis d’outre-tombe permettant à une bande d’illuminés de subsister au quotidien selon des rites non assumés. Tout semble logique pourtant : on n’est pas surpris de voir une ex-star du porno se transformer en ménagère de génie, on n’est pas surpris des hasards qui amènent toujours plus de gens à leurs soirées. Après la déchéance du début, on remonte la pente, chacun trouve une nouvelle place dans l’ordre du monde, il est plus heureux qu’avant et tout le monde avec.
Dans le troisième tome, la violence débarque, tellement omniprésente qu’il n’y a plus qu’elle dans l’histoire de Vernon Subutex. On sent que Virginie Despentes a été particulièrement ébranlée par les évènements de 2015; elle a marqué son livre du choc de ces attentats successifs, de la terreur constante vécue par tous. C’est un changement de ton radical après les deux premiers tomes, et ça laisse un sentiment de malaise latent, rendu particulièrement poignant par le style, toujours impeccable, de Virginie Despentes.
Résumé de l’éditeur :
QUI EST VERNON SUBUTEX ?
Une légende urbaine.
Un ange déchu.
Un disparu qui ne cesse de ressurgir.
Le détenteur d’un secret.
Le dernier témoin d’un monde disparu.
L’ultime visage de notre comédie inhumaine.
Notre fantôme à tous.
Changer, c’est toujours perdre un bloc de soi. On le sent qui se détache, après un temps d’adaptation. C’est un deuil et un soulagement en même temps. C’est son voyage à elle, qui continuait.
Plus d’informations et de citations sur Babelio.
Je suis entrain de le lire en ce moment 🙂
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J’espère qu’il te plaira 🙂 Bonne lecture !
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