Paul est un homme, souvent pris pour une femme, qui évolue dans le milieu exclusivement féminin de ses deux mamans, Léna et Stella. Pianiste autodidacte et victime d’abus à l’école parce qu’il n’a pas de père, il abandonne l’école et se met à jouer du piano tous les soirs au Petit Béret, le bar de Stella. La vie semble plutôt douce finalement, dans son cercle restreint : deux mamans, un meilleur copain amoureux de lui, quelques copines bisexuelles qui l’emmènent faire la fête dans les boites réservées aux femmes. Jusqu’au jour où le cercle de Paul s’agrandit de manière impromptue : un décès, une fugitive sans-papiers, une arrestation, dans la dernière partie du roman, tout bascule et Paul se retrouve face aux zones d’ombres de sa propre vie.

De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles est le récit de notre société stéréotypée, mais de l’autre côté, justement du côté où les stéréotypes n’ont plus cours, où chacun est libre de faire ce qu’il veut, d’être comme il est, enfin presque puisqu’il faut finalement rester dans la marge. C’est aussi un récit sur l’homosexualité, sur le manque de tolérance des uns et des autres vis-à-vis de ceux qui leurs sont différents, dans un sens comme dans l’autre. Chacun a ses lieux de prédilection, sa façon de vivre légèrement différente, le mélange n’est pas accepté, c’est chacun de son côté et viens pas marcher sur mes plates-bandes. Paul dans tout ça n’est qu’une anomalie, l’homme au milieu des femmes, celui qui défie les lois de la génétiques et la reproduction sociale. Il n’est pas gay, non, il est même très hétérosexuel, et manifestement ça pose un sacré problème à tout son entourage, qui se serait fait une joie de conclure qu’androgyne = homosexuel.

Le récit à la première personne, caractéristique du style de Jean-Michel Guenassia depuis Le Club des Incorrigibles Optimistes, nous plonge immédiatement dans l’univers du narrateur. Il se confie, il hésite, il réagit, toujours sur le vif, avec vivacité et sincérité, et nous, lecteurs, suivons avidement sa progression dans la vie, on ne sait pas vraiment ce qu’on attend comme dénouement, mais on avance avec délice dans le récit, sans se poser la question. C’est un récit d’apprentissage finalement, l’apprentissage de la vie, vue sous un angle différents des récits classiques. Paul ici, comme Michel dans Le Club, se découvre petit à petit au cours du récit, il apprend la vie, la mort, l’amour, le désir, l’amitié et la souffrance. Et il reste optimiste quand même, lui aussi.


Résumé de l’éditeur :

« Moi, je me plais dissimulé dans le clair-obscur. Ou perché tout en haut, comme un équilibriste au-dessus du vide. Je refuse de choisir mon camp, je préfère le danger de la frontière. Si un soir, vous me croisez dans le métro ou dans un bar, vous allez obligatoirement me dévisager, avec embarras, probablement cela vous troublera, et LA question viendra vous tarauder : est-ce un homme ou une femme ? Et vous ne pourrez pas y répondre. »

De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles nous fait partager l’histoire improbable, drôle et tendre, d’une famille joliment déglinguée dont Paul est le héros peu ordinaire. Paul qui, malgré ses allures de filles, aime exclusivement les femmes. Paul, qui a deux mères et n’a jamais connu son père. Paul, que le hasard de sa naissance va mener sur la route d’un célèbre androgyne : David Bowie.

Fantaisiste et généreux, le nouveau roman de Jean-Michel Guenassia, l’auteur du Club des incorrigibles optimistes, nous détourne avec grâce des chemins tout tracés pour nous faire goûter aux charmes de l’incertitude.


La vérité était plus réjouissante. Caroline était bisexuelle, elle ne voulait pas la mort du pêcheur qui pouvait encore servir ; que je sois un homme ou une femme, pour elle cela revenait au même, elle s’en fichait complètement, elle ne s’attachait pas à ces détails architecturaux, elle cherchait uniquement à être heureuse. Je crois que c’est elle qui a raison, nous sommes tous bisexuels, que cela nous plaise ou non, nous avons l’équipement, mais pas forcément le mode d’emploi. C’est lui qui nous pose problème, nous ne savons pas le lire, comme s’il était rédigé dans une langue inconnue, et nous mettons une partie de notre vie à le déchiffrer.

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