shantaram - gregory david roberts - the unamed bookshelf
Shantaram a été pour moi une découverte, un voyage des sens et de l’imagination plus que la lecture d’une simple vie remplie d’aventures. Shantaram a su me parler de Bombay, cette ville que je ne connais pas encore comme aucun livre n’a su me parler d’aucune ville auparavant. C’est la beauté des descriptions, le tourbillon des détails chatoyants qui m’ont séduite dans ce récit extravagant, où l’on passe le plus clair de son temps à se demander si tout cela est bien une histoire vraie – et s’en est une, la véritable histoire de l’auteur, Gregory David Roberts.
Au delà de la découverte d’une Inde magique et chaleureuse, Shantaram plonge aussi au coeur de nos interrogations sur le monde, sur les gens, sur la religion, les religions et leur cohabitation dans une Bombay cosmopolite. Il soulève des questions intemporelles sur le bien et le mal, et rappelle constamment que les bonnes intentions ne font pas les bonnes actions comme les mauvaises intentions peuvent engendrer de bonnes actions. C’est une spirale d’apprentissage où chaque étape est cruciale pour mener à la seconde, où chaque choc a sa raison, son histoire et sa propre vérité.
C’est un livre à lire à coeur ouvert, en laissant les mots faire écho à notre propre mémoire, en laissant les actions nous guider dans un périple sans fin, en laissant les sentiments nous submerger tandis que le personnage principal les refoule. C’est un livre où la complexité des êtres humains et de leur destin apparait dans toute sa splendeur, où la naïveté des plus durs d’entre nous éclate au grand jour ainsi que la propension qu’ont les grands hommes à manipuler les petits pour faire un monde meilleur. C’est un livre qui pose la grande question du bien et du mal dans notre société, du crime et de l’illégalité, de la douleur et de l’amour, de la perte et du pardon. C’est majestueux et je le relirais surement encore, pour saisir toutes les nuances dont recèle ce livre formidable.


Résumé de l’éditeur:

Bombay, années 70. «Il m’a fallu du temps et presque le tour du monde pour apprendre ce que je sais de l’amour et du destin, et des choix que nous faisons, mais le cœur de tout cela m’a été révélé en un instant, alors que j’étais enchaîné à un mur et torturé.» Tels sont les premiers mots de Lin, le narrateur, homme en cavale qui, un faux passeport en poche, s’est évadé d’une prison australienne de haute sécurité pour atterrir dans les rues fourmillantes de la capitale économique indienne où il espère disparaître. En compagnie de son guide et fidèle ami, Prabaker, il pénètre le monde secret de la «ville dorée», où se côtoient prostituées et religieux, soldats et acteurs, mendiants et gangsters. Fugitif sans foyer, famille, ou identité, Lin cherche inlassablement à donner un sens à sa vie, d’abord en improvisant une clinique dans un bidonville, puis à l’échec de celle-ci en faisant ses premières armes dans la mafia de Bombay. Cette quête le conduira jusqu’à la guerre, à la prison et ses tortures, au meurtre, et à une série de trahisons sanglantes. Puis à la rédemption, enfin. Les clés du mystère et des intrigues qui entravent Lin se trouvent entre les mains de deux personnes : son mentor, Khader Khan, parrain de la mafia, à la fois criminel, saint et philosophe, mais aussi et surtout Karla, femme mystérieuse, belle et dangereuse dont Lin tombe follement amoureux. De l’incendie du bidonville aux hôtels cinq étoiles, de la guerre des gangs aux films de Bollywood, des gourous spirituels aux guérillas des moudjahiddin, ce roman épique et foisonnant nous plonge dans une Inde fascinante et marque l’entrée en littérature d’une voix extraordinaire.


La première chose que j’ai remarqué à Bombay, le premier jour, était l’odeur d’un air différent. J’ai pu la sentir avant même de voir ou d’entendre quoi que soit de l’Inde, dès que j’ai parcouru le tunnel qui reliait l’avion à l’aéroport. J’étais excité et ravi par l’odeur de cette première minute à Bombay, évadé de ma prison et prenant un nouveau départ dans le vaste monde, mais je ne l’ai pas reconnue et j’en étais incapable. Je sais maintenant que c’est l’odeur douce et suintante de l’espoir, qui est le contraire de la haine ; et c’est l’odeur aigre et confinée de la cupidité, qui est le contraire de l’amour. C’est l’odeur des dieux, des démons, des empires et des civilisations en pleine décomposition et résurrection. C’est l’odeur de chair bleue de la mer, où que vous soyez dans Island City, et c’est l’odeur de sang et de métal des machines. C’est l’odeur de l’agitation, du sommeil et des déchets de soixante millions d’animaux, dont plus de la moitié sont des humains et des rats. C’est l’odeur des chagrins, de la lutte pour la survie, des échecs et des amours qui font naître notre courage. C’est l’odeur de dix mille restaurants, cinq mille temples, autels, églises et mosquées, et de cent bazars consacrés exclusivement aux parfums, aux épices, à l’encens et aux fleurs fraichement coupées. Karla a dit un jour que c’était la pire bonne odeur du monde, et elle avait raison, bien sûr, avec cette façon d’avoir raison pour tout. Mais lorsque je retourne à Bombay aujourd’hui, c’est ma première impression de la ville – cette odeur, avant tout – qui m’accueille et m’annonce que je suis arrivé.

Plus d’informations et de citations sur Babelio.