
Deux frères palestiniens : l’un habité par son désir de vengeance, l’autre seulement désespéré devant la souffrance infligée à son peuple. Un petit fonctionnaire du Fonds (Monétaire International), fier de sauver des vies depuis son bureau gris. Une femme, recluse au milieu de la forêt, n’aspirant qu’à un peu de calme. Quatre personnages qui se débattent avec ce que la vie leur infligent, sans arriver à retourner la situation.
Nadr poursuit son frère Khalil, décidé à se sacrifier dans un attentat à Paris. Fernando Clerc est pourchassé par un dossier palestinien, lui qui avait toujours refusé le moindre contact avec le Moyen-Orient. Amanda retrace le fil de son histoire, les naissances successives de ses enfants, nés de pères différents, pas forcément tous choyés de la même manière.
Imago n’est pas un roman sur le terrorisme, c’est un roman sur l’humanité. Sur la stupidité profonde des hommes, dans leur système militaire qui prône le « œil pour œil, dent pour dent », dans leur poursuite absurde de la consommation, dans leur incapacité à apprécier ce qui est. Cyril Dion nous montre l’absurdité du monde, l’incohérence des institutions toutes puissantes, et l’escalade inévitable de la violence. Mais aussi, nous retrouvons dans ce livre quelques personnages à prendre en exemple : Ali, l’Egyptien désintéressé qui aide Nadr à passer en France, les Bédouins accueillant qui sauvent Fernando dans le désert notamment. Des exemples pour montrer que le monde n’a pas à être tel qu’il est, et qu’il suffit de quelques uns pour changer les choses – on retrouve ici la philosophie du Mouvement Colibris, dont Cyril Dion est le cofondateur.
J’ai personnellement été très touchée par ce récit, autant pour l’histoire que pour les réflexions propres aux personnages, dans lesquelles je me suis énormément retrouvée. Cyril Dion met des mots sur des sentiments, des ressentis que j’ai depuis longtemps et que je n’ai pas su exprimer avec autant d’exactitude. C’est un livre qui amène à s’interroger sur notre façon de concevoir notre vie, sur notre façon de nous adapter à la société (plutôt que d’essayer de la façonner à notre image), sur notre ambition de ne pas avoir une vie redondante (alors que souvent, ce sont les petites choses du quotidien qui constituent le véritable bonheur).
Un superbe premier roman !
N’hésitez pas à regarder également Demain, documentaire de Cyril Dion et Mélanie Laurent
Parce que son frère s’apprête à commettre en France l’irréparable, Nadr le pacifiste se lance à sa poursuite, quitte la Palestine, franchit les tunnels, passe en Égypte, débarque à Marseille puis suit la trace de Khalil jusqu’à Paris. Se révolter, s’interposer : deux manières d’affronter le même obstacle, se libérer de tout enfermement, accéder à soi-même, entrer en résilience contre le sentiment d’immobilité, d’incarcération, d’irrémédiable injustice.
Sous couvert de fiction, ce premier roman est celui d’un homme engagé pour un autre monde, une autre société – un engagement qui passe ici par l’imaginaire pour approcher encore davantage l’une des tragédies les plus durables du XXe siècle.
Plus jeune, elle rêvait d’une vie exceptionnelle. Avait, comme chaque adolescent, eu ce fantasme d’elle-même qui finit par s’évaporer, se rationaliser chez la plupart des gens. Ne pas se contenter de la médiocrité. De ce qu’elle considérait comme la médiocrité. Travailler parce que c’est comme ça. Ne rien savoir vraiment. Attendre la retraite. Consommer, se marier, avoir des enfants, faire l’amour une fois par semaine. Être fatiguée. Voyager en espérant que le dépaysement comblera, pour quelques jours au moins, notre faille obscure. Revenir et recommencer comme avant. Mourir après une vie d’avancées minuscules. Sans même être sûre d’avoir avancé.
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