La Disparition de Stephanie Mailer, Joël Dicker, Editions de Fallois, Mars 2018

Jesse Rosenberg avait tourné la page sur sa vie de flic, sur son passé à la criminelle, il n’aspirait qu’à prendre sa retraite tranquille pour se consacrer à son grand projet. C’était sans compter l’apparition d’une jeune journaliste à sa soirée de départ, venue lui annoncer que le meurtrier désigné en 1994 pour le quadruple meurtre d’Orphea n’était pas le bon! Cet échange sera probablement resté sans suite si Stephanie Mailer n’avait pas subitement disparu dans des circonstances alarmantes, convainquant Jesse de reprendre l’enquête. Meurtres, théâtre, gloire, tromperies, mensonges, souvenirs tragiques : la vérité n’éclatera qu’au prix de nombreux et divers rebondissements !

Joël Dicker sait y faire, il n’y a pas à dire. Une fois entrés dans l’univers de son roman, difficile d’en sortir. Rythmé par des chapitres courts, des témoignages, des flashbacks, c’est un récit riche et foisonnant qui nous transporte irrémédiablement au coeur de l’intrigue. Plus on lit et plus on échafaude d’hypothèses, on a lu La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, on sait comment fonctionne l’auteur, on pense qu’on a compris… Mais il y a toujours un revirement, un élément en plus pour contredire notre théorie et nous mettre dans les pattes un nouveau suspect, un nouvel indice, un nouveau témoin. Alors on tourne les pages, toujours plus vite, on dévore les lignes toujours plus rapidement pour avoir le fin mot de l’histoire.

Véritable page-turner, ce roman n’en est pas moins exempt de quelques longueurs, quelques passages dont on ne sait pas vraiment ce qu’ils apportent à l’intrigue – si ce n’est qu’ils perdent le lecteur en l’intéressant à la vie de personnages complètement auxiliaires qui n’ont rien à voir avec rien. Calcul de l’auteur? On ne peut pas s’empêcher, une fois le livre refermé de se dire que finalement c’est un peu simple, après toutes les hypothèses qu’on avait échafaudé dans notre tête. Il fallait y penser, ça c’est sûr, mais enfin pourquoi mettre là-dedans trente-cinq personnages annexes et quinze histoires tragiques du passé sans aucun rapport avec l’enquête en cours?

Il n’en reste pas moins que, malgré ces quelques questionnements post-lecture, on passe ici un très bon moment à courir après les témoins aux quatre coins des Etats-Unis, à se goinfrer de sandwichs pendant les planques, à reconstituer des murs d’enquête sur des tableaux magnétiques – bref, à faire tout ce qui constitue une bonne enquête bien compliquée. Le tout assaisonné d’une dose d’humour un peu loufoque amené par quelques personnages décidément assez improbables, on ne s’ennuie pas !

Retrouvez également ma chronique du Livre des Baltimore de Joël Dicker, ici.


Résumé de l’éditeur :

30 juillet 1994. Orphea, petite station balnéaire tranquille des Hamptons dans l’État de New York, est bouleversée par un effroyable fait divers: le maire de la ville et sa famille sont assassinés chez eux, ainsi qu’une passante, témoin des meurtres.

L’enquête, confiée à la police d’État, est menée par un duo de jeunes policiers, Jesse Rosenberg et Derek Scott. Ambitieux et tenaces, ils parviendront à confondre le meurtrier, solides preuves à l’appui, ce qui leur vaudra les louanges de leur hiérarchie et même une décoration.

Mais vingt ans plus tard, au début de l’été 2014, une journaliste du nom de Stephanie Mailer affirme à Jesse qu’il s’est trompé de coupable à l’époque.

Avant de disparaitre à son tour dans des conditions mystérieuses.

Qu’est-il arrivé à Stephanie Mailer?

Qu’a-t-elle découvert?

Et surtout: que s’est-il vraiment passé le soir du 30 juillet 1994 à Orphea?


– Pourtant, objecta la journaliste au bout du fil, certaines mauvaises langues affirment que les critiques littéraires sont des écrivains ratés…
– Balivernes, ma chère amie, répondit Ostrovski en ricanant. Je n’ai jamais, et je dis bien jamais, rencontré un critique qui rêvait d’écrire. Les critiques sont au-dessus de cela. Ecrire est un art mineur. Ecrire, c’est mettre des mots ensemble qui forment ensuite des phrases. Même une guenon un peu dressée peut faire cela !
– Quel est le rôle du critique alors ?
– Etablir la vérité. Permettre à la masse de trier ce qui est bon et ce qui est nul. Vous savez, seule une toute petite partie de la population peut comprendre d’elle-même ce qui est vraiment bon. Malheureusement, comme aujourd’hui tout le monde veut donner son avis sur tout et qu’on a vu porter aux nues des nullités totales, nous, critiques, sommes bien obligés de mettre un peu d’ordre dans ce cirque. Nous sommes la police de la vérité intellectuelle. Voilà tout.

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