
Cadeau très à propos offert par ma chère maman, cet ouvrage explore les différents aspects de la relation aux livres de Bernard Pivot et sa fille, Cécile. Un lecteur professionnel, ayant attrapé tardivement le virus de la lecture, et une lectrice amateur ayant toujours baigné dans les livres. Ils entretiennent chacun avec la lecture un rapport particulier, amoureux certainement, admiratif aussi, respectueux surtout. Leurs petites anecdotes font rire, ils sont comme tous les lecteurs, avec leurs petits plaisirs de lecture, leurs petites manies et leurs petites lunettes. Eloge des livres, c’est aussi une éloge des lecteurs qui sont, comme le dit Bernard « moins cons que les autres » ! C’est une apologie pour rendre hommage à tous ceux qui délaissent, quelques heures ou quelques minutes par jour, leurs écrans pour se plonger dans les pages d’un bon bouquin. La lecture est un bonheur à transmettre, et les Pivot le font merveilleusement bien.
Reste qu’aujourd’hui il est de plus en plus difficile de se fournir en solitude et en silence dans un monde hyperconnecté et bruyant. Les lecteurs apparaissent comme des types bizarres, un peu misanthropes, en marge, qui appartiennent encore au vieux monde du livre. Ce sont presque des dissidents. Ils échappent aux caméras. Ils jubilent d’être hors contrôle de tous les détenteurs d’autorité. La lecture est une « subversion en douce », dit Régis Debray. La France insoumise est d’abord celle des lecteurs.
Je possède assez peu de beaux livres : ayant toujours le nez plongé dans un roman pendant mon temps libre, difficile pour moi de trouver le temps de feuiller de beaux albums ou de lire des magazines. J’ai profité d’un week-end calme pour parcourir celui-ci, admirer les jolies photographies, peintures et oeuvres illustrant ses pages : des souvenirs d’Apostrophe (que je n’ai malheureusement pas eu le plaisir de connaître), des photos d’auteurs dans leurs bibliothèques, de jolies images de lecteurs à travers le monde et les époques. Contrairement aux Pivot, c’est plutôt dans mon lit que j’ai parcouru ce livre, assise en tailleur et calée contre de gros oreillers, les bras posés sur les genoux pour ne pas trop les fatiguer. C’est drôle de voir comme chacun a son propre rituel de lecture, ses endroits favoris, ses façons de s’approprier le texte, avec un stylo ou en cornant les pages pour pouvoir en ressortir les meilleurs passages plus tard – ici, je plaide coupable, oui, j’abîme mes livres en laissant mes pages préférées cornées. Mais quel plaisir de pouvoir de temps à autres, sortir un livre de ma bibliothèques en désordre, choisir une page cornée et déclamer à un public invisible un passage superbement écrit !
C’est un très beau livre à offrir à tous les amoureux de lecture, à tous ces passionnés qui n’hésitent pas à dégainer leur livre dans un métro bondé à la lumière blafarde, à refuser des invitations pour profiter d’un moment de lecture, et à dépenser plus que de raison dans toutes les librairies qui croisent leur chemin. Un beau livre à garder et à relire, pour se souvenir toujours du plaisir de lire !
Retrouvez la présentation du livre par ses auteurs lors de La Grande Librairie ici.
Bernard Pivot, lecteur professionnel («Apostrophes», Lire, JDD) et sa fille Cécile, ardente lectrice amateur, confrontent leurs raisons, plaisirs et manières de lire, leur usage des livres, dans des textes très personnels, joliment illustrés, où le public des librairies et des bibliothèques retrouvera ses émotions, et celui qui n’ose pas en pousser les portes découvrira stimulations et conseils.
Un tonique et savoureux éloge des écrivains, des livres et de la lecture.
Mes lectures ne sont pas joyeuses parce que mon humeur l’est. Certaines d’entre elles, récits ou romans inspirés de faits réels, qui évoquent des évènements douloureux, peuvent même la mettre à mal. Je pense à Si c’est un homme de Primo Levi, L’Ecriture ou la Vie de Jorge Semprun, Une saison de machettes de Jean Hatzfeld, Le Fils de Michel Rostain, Claustria de Régis Jauffret, Le Choix de Sophie de William Styron. Je ne pleure plus sur mes récents chagrins, qui me paraissent bien minables au regard des millions de morts qui viennent défiler sous mes yeux, mais sur les ressorts infinis et inimaginables de la barbarie humaine. C’est une autre grande qualité de la littérature : remettre les choses et les gens à leur juste place.
Plus d’informations et de citations sur Babelio.
Très beau billet, merci !
J’aimeAimé par 1 personne
Hello ! C’est vrai qu’Apostrophes était vraiment une excellente émission ; si tu veux découvrir ça d’un peu plus près, il existe des coffrets de DVD avec les meilleures émissions. (si tu es à Paris, il y en a chez Gibert, d’occasion !).
J’aimeAimé par 1 personne
Vraiment ? Super, c’est bon à savoir, j’irais y faire un tour! Merci 🙂
J’aimeJ’aime