La Déposition Pascale Robert-Diard Folio Prix Folio des Libraires

Qu’est-ce qui pousse un fils à témoigner soudainement contre père, en cour d’assises? Guillaume Agnelet a soutenu son père pendant ses deux premières comparutions. A la troisième, il retourne sa veste et fait une déposition accablante. C’est la parole du père contre celle du fils. A la cour de trancher.

Incroyable récit que celui-ci, et pourtant tout est vrai. L’affaire Le Roux-Agnelet a agité la presse pendant 30 ans, avant de trouver sa conclusion avec la déposition de Guillaume Agnelet. André Téchiné lui a même dédié un film, L’Homme qui en savait trop, avec Guillaume Canet dans le rôle titre. A la lecture de ce roman, on se croirait pourtant en plein polar : argent, adultère, vengeance, meurtre, tout y est. L’homme est ambitieux et sûr de lui, l’argent et les femmes sont faciles, jusqu’où est-il véritablement allé pour se sortir de ses magouilles? Aucun corps ne sera jamais retrouvé, aucune preuve tangible ne sera jamais exposée à la cour pour justifier de la culpabilité de Maurice Agnelet et pourtant…

Ce roman est l’histoire de la vie de Guillaume Agnelet pendant trente ans, de la disparition d’Agnès Le Roux à l’emprisonnement de son père. Il a idolâtré son père pendant des années, il a choisi de vivre avec lui pendant son adolescence, il était fier d’être le « bon fils ». Puis les révélations sont arrivées unes à unes, de sa mère d’abord, de son père ensuite. Quelques phrases qui ont fait entrer l’enfant qu’il était encore dans un enfer dont il ne se sortira qu’à 45 ans, en témoignant contre son père. Comment vit-on trente ans en défendant un homme qu’on sait coupable? Comment supporte-t-on en tant que fils le déni de son propre père face à sa culpabilité manifeste?

L’auteur nous dresse un portrait chirurgical de la vie de Guillaume Agnelet, ne laissant de côté aucun détail, pour nous permettre de nous mettre à sa place et d’imaginer ce que nous aurions pu faire. Chaque moment de vie, chaque rebondissement est passé au peigne fin pour dénicher les traces du traumatisme qu’à vécu Guillaume Agnelet, de savoir son père coupable, tout en essayant de l’ignorer. Rien n’est jamais ni blanc ni noir dans une histoire de meurtre, celle-ci encore plus que d’autres. On est confrontés ici à l’humanité de cet homme, pourtant un meurtrier, et aux séquelles atroces que son acte inconsidéré a fait vivre à son entourage, sa femme et ses fils, qui pourtant décident de le soutenir jusqu’au bout, jusqu’à ce que l’un d’entre eux ne puisse plus vivre avec ce fardeau. Pascale Robert-Diard nous sert une reconstitution magistrale de l’affaire et un récit sensible et nuancé de la réalité vécue par la famille Agnelet : une histoire qui donne à réfléchir.


Résumé de l’éditeur:

«La loi dit que lorsqu’on est le père, la mère, le frère, la sœur, l’enfant ou le conjoint de l’auteur d’un crime, se taire n’est pas un délit pénal mais un conflit moral qu’il appartient à chacun de résoudre comme il peut.»

En avril 2014, Maurice Agnelet comparaît une nouvelle fois aux assises pour le meurtre de sa maîtresse, Agnès Le Roux, disparue en 1977. Coup de théâtre : après tant d’années à défendre son père, Guillaume Agnelet fait une déposition accablante. Qu’est-ce qui l’a poussé à briser, devant la cour, le secret d’une famille qui dure depuis plus de trente ans ? Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde, a rencontré Guillaume et compose le théâtre intime d’une famille sous l’emprise du père.


Il sait presque tout de son intimité, rien n’est plus impudique, obscène même, qu’un dossier d’instruction. Il y a les témoignages de ses nombreux amis, ceux de sa famille, toute l’enquête qui a radiographié sa vie, mais il y a surtout ses mots à elle. Ceux qu’elle couchait frénétiquement sur les pages de son journal intime, de son écriture ronde, presque enfantine, l’écriture d’une jeune femme amoureuse et triste, qui abdiquait sa fierté, sa raison, son indépendance devant lui, l’amant, et se reprochait à la fois d’être trop soumise et de ne pas l’être assez.

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