Camille a eu un accident, elle est dans le coma. Thomas, son mari, père de ses deux enfants, fait de son mieux pour gérer la situation, tout en essayant de comprendre comment tout cela a bien pu arriver. Cette épreuve le rapproche de son frère Jean, berger dans les Pyrénées. Alors que Thomas tente de garder la tête hors de l’eau, il plonge petit à petit dans des secrets de famille enfouis. L’accident de Camille n’est que le début d’un grand bouleversement dans sa vie…
Impossible de résumé ce livre, tant il est riche. Non, ce n’est pas un livre facile. Ce n’est pas seulement l’histoire d’un homme confronté au coma profond de son épouse, arrivant difficilement à continuer sa vie normale. C’est aussi une sorte de roman d’apprentissage, où le personnage principal entame une remise en question complète, suite à cet événement tragique. Thomas évolue, change, se transforme au cours de notre lecture, il revient sur sa vie de cadre informatique bien rémunéré, au joli pavillon de banlieue et à la belle Audi rutilante. Il confronte sa vie à celle de ses proches, si différents : Jean, son frère ayant repris l’élevage familial, Pauline, sa sœur exilée au Cameroun, ouvrant des dispensaires dans des zones rurales en crise. Il revient aux sources, dans les montagnes de son enfance, pour se retrouver, se repenser. Critique de notre vie moderne, de notre façon de vouloir aller toujours plus vite, toujours plus loin à l’aide de la technologie, c’est un roman surprenant, auquel je ne m’attendais pas en lisant la quatrième de couverture.
Plus encore que les actions successives des personnages et les rebondissements de cette intrigue qui n’en est pas vraiment une, ce qu’on retient de cette lecture, c’est l’ambiance particulière, portée par un style captivant, riche de détails précis qui nous donnent l’impression d’y être vraiment. Luc Lang excelle dans l’art de nous faire ressentir les émotions du personnage principal, en nous faisant entrer dans sa peau, voir par ses yeux, penser comme lui. Tous nos sens sont mis en alerte par les longues descriptions incroyablement vivaces, quelque soit le milieu évoqué. C’est un monde brutal que nous décrit ici l’auteur, et pourtant, il arrive à nous faire entrevoir la lueur au bout du tunnel, l’humanité dans ce milieu hostile. La dernière partie du livre surtout est absolument magnifique – à découvrir sans tarder.
«Elle s’est mariée, elle a fait sa vie?
C’est quoi ta question… au passé composé? Non, elle est vivante et elle est en train de la faire, comme elle peut, comme tout le monde.»
4 heures du matin, dans une belle maison à l’orée du bois de Vincennes, le téléphone sonne. Thomas, trente-sept ans, informaticien, père de deux jeunes enfants, apprend que sa femme vient d’avoir un très grave accident, sur une route où elle n’aurait pas dû se trouver.
Commence une enquête sans répit alors que Camille lutte entre la vie et la mort. Puis une quête durant laquelle chacun des rôles qu’il incarne : époux, père, fils et frère, devient un combat. Jour après jour, il découvre des secrets de famille qui sont autant d’abîmes sous ses pas.
Vous êtes en train de nous chasser du monde. On ne foule plus le sol, on se déplace dans des écrans. A qui ça profite ? C’est quoi le mobile ? Contrôler le bétail, les semences, contrôler les bergers, les éleveurs, que tout soit renversé dans la transparence électrique de vos fichiers-prisons, vous nous déliez de tout lien, vous nous isolez, vous nous séparez, vous nous séparez même de nos bêtes, vous nous organisez en échanges et en dialogues numériques de données. Vous voulez nous consigner massivement, planétairement dans un isolement pire que celui des premiers humains sur la terre, privés de techniques et de langage, c’est votre apocalypse ! Elle est silencieuse et personnellement dédiée, que chacun soit seul et demeure désespéré dans sa réclusion numérique, perdu dans un monde où les liens entre tous les vivants, humains et animaux, ne transiteront plus que par des flux électroniques organisés, formatés, mis à jour depuis le cloud computing qui décidera des admissions et des exclusions, des rachats et des absolutions.
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Votre appréciation donne envie, en plus il est déjà en édition Poche, je le mets sur ma liste pour ma prochaine visite à la Maison de la Presse. Merci !
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