La baleine thébaïde Pierre Raufast Alma Editeur

Que faire de sa vie quand on est fraîchement diplômé de l’ESSEC et qu’on cherche encore sa voie? Richeville, lui, choisit de s’embarquer à bord de l’Hirundo, navire ayant pour mission de retrouver l’unique baleine bleue émettant à une fréquence de 52 hertz. Commence alors un périple rocambolesque bien loin des rêves idéalistes qu’il avait concocté dans son esprit de jeune homme brillant…

 Dans ma promotion, un tiers voulait devenir banquier par amour de l’argent. Un autre tiers visait l’ENA pour la puissance. Le dernier tiers se rêvait consultant dans l’un des big four pour devenir riche et puissant. Je faisais partie du quatrième tiers, le tiers honteux : celui qui n’avait aucune ambition. Le renégat du commerce, l’apostat du mangement. Autant vous dire que j’étais aussi populaire qu’une reine Bothrimyrmex chez les fourmis Tapinoma.

Mêlant habilement fragments de science exacte et aventures loufoques, Pierre Raufast nous transporte ici dans une aventure sans pareille, où tout semble probable, alors même que ça reste complètement aberrant. Parmi ses personnages plus vrais que nature, on retrouve un scientifique taré prêt à tout tenter avec le génome humain, un hacker moscovite plus malin que les autres, une jolie libraire un peu crédule, et bien d’autres. Tout le monde se manipule allègrement, jouant habilement sur l’isolement et la naïveté de chacun, et c’est au lecteur de retrouver le fil rouge dans tout ce bazar incroyablement bien ficelé. On ne dirait pas mais le début est lié à la fin, vous verrez.

Le vendredi 26 août de l’an dernier, la diva hollywoodienne Eva S. et le sénateur républicain Saul B. eurent une relation sexuelle épicée dans la piscine d’une superbe villa de Santa Barbara en Californie.
Cet ébat aquatique, à dix mille kilomètres de chez moi et dont les protagonistes m’étaient totalement inconnus, dévasta ma vie.

A la fois intelligent et terriblement drôle, ce roman est une véritable pépite. En oscillant entre phrases cyniques hilarantes et moments subtilement mélancoliques, Pierre Raufast joue de sa plume poétique pour nous faire passer du rire aux larmes, sans interruption. Plusieurs protagonistes racontent leur version des faits, chacun avec son style personnel, son passé atypique et ses tares irrémédiables, donnant à l’histoire un rythme cadencé, passionnant. C’est rocambolesque et entraînant, mais c’est encore bien plus que ça. Derrière le récit divertissant, il ébauche une véritable réflexion sur notre jeunesse désabusée, les limites éthiques de la science et de la technologie, mais aussi la solitude de chacun dans ce monde qui est le nôtre.


Résumé de l’éditeur :

Fraîchement diplômé, Richeville, jeune homme timide et idéaliste embarque au nord de l’Alaska, sur un bateau. Objectif : retrouver la fameuse « baleine 52 », qui chante à une fréquence unique au monde. Mais l’équipage affrété par le sinistre Samaritano Institute a d’autres desseins.

Au menu : l’inquiétant Dr Alvarez, un hacker moscovite, une start-up californienne, une jolie libraire et des cétacés solitaires, mutants ou électroniques qui entraînent Richeville dans un tourbillon d’aventures extraordinaires.

Pierre Raufast, le roi de l’ingénierie littéraire, poursuit dans son troisième roman sa veine épique. Mêlant la science et la fantaisie, le roman d’éducation et d’aventures, il démontre avec brio sa capacité inépuisable d’imagination et son talent jubilatoire. Nous sommes ici en présence d’un délire imaginatif qui n’a d’égal qu’une arborescence narrative travaillée au nanomètre près. De sorte que, ahuri, le lecteur ne voit pas qu’il a affaire à un véritable programmeur.


Le jeune homme ne souhaite pas être un simple donateur anonyme : il veut influencer les opinions, faire bouger les ligner, jouer un rôle. Il a ce désir ambivalent de changer le monde tout en restant dans le rang. Un manque sournois de courage entrepreneurial combiné à une douce utopie humaniste. Quelque part, il ne croit pas en ses chances. Résigne ou désillusionné, il considère le monde comme un état de fait inerte, massif et corrompu par l’argent. N’est ce point là le mal du siècle ?

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