Le liseur du 6h27 Jean-Paul Didierlaurent Folio 2018 The Unamed Bookshelf

Guylain Vignolles n’aime pas vraiment sa vie. Ouvrier dans une usine détruisant des tonnes de livres, en les enfournant dans la gueule ouverte de « la Chose » une Zerstor 500, capable d’avaler les jambes d’un homme. Guylain vit seul avec son poisson rouge, Rouget de Lisle Vème du nom, confident de tous ses déboires professionnels. Il a bien peu d’amis, en dehors d’Yvon, gardien alexandrophile, et de Guiseppe, cul-de-jatte en quête perpétuelle de ses jambes, rééditées sous le titre Jardins et potagers d’autrefois. Alors pour tromper la vie, Guylain lit tous les matins dans le RER de 6h27, des extraits sauvés du massacre. Jusqu’au jour où les textes fascinants d’une certaine Julie croisent sa route.

Alors s’il y a une leçon que j’ai bien apprise en près de vingt-huit ans de présence sur cette Terre, c’est que l’habit doit faire le moine et peu importe ce que cache la soutane.

Récit tragi-comique de la vie ratée d’un jeune homme, Le liseur du 6h27 est un livre qui fait relativiser, qui amène à reste optimiste dans l’adversité, et à trouver de petites actions pour contre-balancer le quotidien. Guylain, déjà assez particulier lui-même, croise la route d’une panoplie de personnages hauts en couleur, extrêmes dans leur différence et dans leur décalage avec la société. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, chacun reste fidèle à lui-même, à l’excès, comme pour combattre la normalité sinistre sa propre vie. Et pour chacun, les livres ont une signification particulière : ils constituent un échappatoire, qu’il s’agisse de les lire, de les écrire ou de les collectionner. On ressort de cette lecture avec une foi plus grande en l’humanité, en ce que peut nous réserver le destin et finalement, on a envie d’aller lire à haute voix dans le métro pour voir ce qui va nous arriver.

Le liseur du 6h27 est un récit drôle et piquant qu’il fait bon découvrir et dévorer, un grand sourire au lèvres et le coeur gonflé de cette joie communicative.

Peu importait le fond pour Guylain. Seul l’acte de lire revêtait de l’importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écœurement qui l’étouffait à l’approche de l’usine.


Résumé de l’éditeur:

«Voilà, on voulait vous dire, on aime bien ce que vous faites. Ça nous fait drôlement du bien.
Ça va bientôt faire un an que Josette et moi, on vient vous écouter tous les lundis et jeudis matin.»

Sur le chemin du travail, Guylain lit aux passagers du RER de 6 h 27 quelques pages rescapées de livres voués à la destruction. Ce curieux passe-temps va l’amener à faire la connaissance de personnages hauts en couleur qui cherchent, eux aussi, à réinventer leur vie.

Un concentré de bonne humeur, plein de tendresse et d’humanité.


Certains naissent sourds, muets ou aveugles. D’autres poussent leur premier cri affublés d’un strabisme disgracieux, d’un bec-de-lièvre ou d’une vilaine tache de vin au milieu de la figure. Il arrive que d’autres encore viennent au monde avec un pied-bot, voire un membre déjà mort avant même d’avoir vécu. Guylain Vignolles, lui, était entré dans la vie avec pour tout fardeau la contrepètrie malheureuse qu’offrait le mariage de son patronyme avec son prénom. Vilain Guignol, un mauvais jeu de mots qui avait retenti à ses oreilles dès ses premiers pas dans l’existence pour ne plus le quitter.

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