Amélie Cordonnier Trancher Rentrée littéraire 2018 Editions Flammarion 68 premières fois The Unamed Bookshelf📖68 Premières Fois – Automne 2018

Elle voulait croire que le pire était derrière elle, que plus rien ne pourrait les séparer ni se mettre entre eux à présent. Doux rêve qu’Aurélien massacre sans ménagement d’une phrase assassine, au bout de sept ans de bonheur partagé : « Je suis chez moi, quand même, alors ferme ta gueule une bonne fois pour toutes, connasse, si tu veux pas que je la réduise en miettes. » Alors le cauchemar reprend et, à nouveau, il faut faire un choix : partir ou rester ? Le compte à rebours est lancé.

D’abord surpris par ce récit à la deuxième personne du singulier, le lecteur se laisse finalement happer par le parfum inquiétant qui règne sur ce foyer pourtant bien sous tous les abords. Ce « tu » à la fois tolérant et accusateur, ce « tu » de la confession intime, ce « tu » qui pourrait être toi, moi, vous, nous, ce « tu » ne permet pas de rester indifférent au drame qui se joue entre ces lignes. En tant que femme, je me suis identifiée à ce « tu », je me suis demandée ce que ça me ferait de prendre en pleine face tous ces noms d’oiseaux, toutes ces remarques vicieuses, toutes ces insultes gratuites. Comment peut-on supporter pareil traitement au quotidien?

Mais surtout, comment peut-on aimer un homme capable de nous parler de cette façon, de nous traiter de cette façon? Il m’a été difficile de suivre le cheminement du personnage, de comprendre cette décision, celle de se donner du temps, d’attendre jusqu’au 3 janvier pour se décider, pour trancher entre rester ou partir.  Pour une femme ayant déjà fait une dépression (rapide) à cause de la violence verbale de son mari, c’est surprenant qu’elle reste, qu’elle attende de voir si ça va s’arranger, qu’elle attende de savoir si elle pense pouvoir supporter ça pour ses enfants. Même si j’imagine que c’est assez proche du cheminement de pensées des femmes victimes de ce type de violence, j’ai eu du mal à accrocher au récit, ayant tellement de difficultés pour comprendre la logique du personnage. Je me suis laissée happée par la première partie du récit, celle de l’historique, celle qui raconte la souffrance déjà vécue et la rechute d’Aurélien. Le compte à rebours par contre m’a laissée perplexe, c’est très intellectualisé, toutes ces références littéraires, cinématographiques ou musicale et ces recherches dans le dictionnaire, j’ai trouvé tout ça hors propos, loin de la réalité de cette femme encore amoureuse en train de se diriger par à coups vers la fin de son mariage.


Résumé de l’éditeur :

« Des pages et des pages de notes. Tu as noirci des centaines de lignes de ses mots à lui. Pour garder une trace, tenter de les désamorcer, avec le pathétique espoir qu’ils aillent s’incruster ailleurs qu’en toi. »
Cela faisait des années qu’elle croyait Aurélien guéri de sa violence,des années que ses paroles lancées comme des couteaux n’avaient plus déchiré leur quotidien. Mais un matin de septembre, devant leurs enfants ahuris, il a rechuté : il l’a de nouveau insultée. Malgré lui, plaide-t-il. Pourra-t-elle encore supporter tout ça ? Elle va avoir quarante ans le 3 janvier. Elle se promet d’avoir décidé pour son anniversaire.
D’une plume alerte et imagée, Amélie Cordonnier met en scène une femme dans la tourmente et nous livre le roman d’un amour ravagé par les mots.


Quelque chose, mal recollé en toi il y a des années, s’est brisé net. La journée reprend son cours, tant bien que mal. Tu t’épuises à faire bonne figure. Le déjeuner ne passe pas. Et l’après-midi s’éternise. Tu n’as qu’une envie : te planquer sous la couette. Tu réussis à traîner tes bottes sur la plage, mais pas à courir après les mouettes. Tu finis par décider de rentrer à vélo pendant que Romane termine son château avec son père. Un peu piteux, son père.

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