Le Nord du Monde Nathalie Yot Editions la Contre Allée 68 premières fois Rentrée littéraire 2018 The Unamed Bookshelf

📖68 Premières Fois – Automne 2018

Elle fuit un homme, l’homme-chien. Elle s’appelle R., elle est partie du jour au lendemain en trottant comme un poulain et elle cherche à atteindre le Nord. Voilà ce qu’on sait, tout le reste est indéfini, suggéré mais jamais dit, au lecteur d’inventer ce qu’il a envie.

L’écriture est atypique, assez lyrique, une sorte de litanie de la vie avec ses répétitions et ses ellipses. Ce récit est poétique, réflexif souvent aussi, autour des thèmes de l’attachement, de l’amour, de la dépendance. Il y a un fond intéressant, une idée derrière qui m’a semblé au premier abord pouvoir susciter ma curiosité, une forme singulière digne d’intérêt… et pourtant, tout ce qu’il y a au milieu du fond sous-jacent et de la forme pure m’a totalement échappé, laissée indifférente, voire légèrement irritée.

Quelle est cette histoire d’une femme poulain trottant pour échapper à un homme-chien, se donnant sans relâche aux hommes sur son chemin, jusqu’à rencontrer un enfant de dix ans sur lequel elle commettra l’indicible ? Quel est le message finalement ? Une femme ne peut échapper à l’emprise d’un homme qu’à travers un semblant de maternité ? On ne sait pas tellement ce qu’essaie de montrer l’auteur – y a-t-il seulement un message dans ce texte, au-delà de l’errance de ce personnage qui monte pour redescendre ? Je n’ai pas été convaincue par ce livre de suggestions, de non-dits et de transgressions. Le personnage n’est ni sensé, ni attendrissant, juste totalement incompréhensible, à côté de la plaque, déphasé. Difficile de s’identifier, de s’approprier un tel personnage. La chute dérange, on l’avait pressenti sans parvenir véritablement à l’expliquer, c’est gratuit – est-ce que c’est ça finalement le but principal de ce livre ? De quoi s’agit-il finalement, d’une fuite ou d’une transgression ? Si les deux sont liées, alors c’est foncièrement malsain, et ça donne de la femme une image contestable.

Non, vraiment, je n’ai pas du tout compris ce livre.


Résumé de l’éditeur:

« Elle fuit. Elle fuit l’homme chien. Elle trotte comme un poulain pour qu’il ne la rattrape pas, aussi pour fabriquer la peinture des fresques du dedans. Elle voudrait la folie mais elle ne vient pas. Toucher le mur du fond, le Nord du Monde, se cramer dans la lumière, le jour, la nuit, effacer, crier et ne plus se reconnaître. Sur la route, il y a Monsieur Pierre, il y a la Flaish, il y a les habitants des parcs, il y a Andrée, il y a les Polonais, Elan, Vince et Piort, et aussi Rommetweit, les Allemands, les Denant. Il y a Isaac, neuf ans environ. Et il y a les limites. »

Nathalie Yot, à propos de Le Nord du Monde


Elle est assez jolie Andrée, mais le mal que la vie lui fait la fait ressembler à un cadavre, c’est-à-dire à ce qu’elle voudrait être mais qu’elle n’est pas encore. On voit l’épuisement sur son visage. On voit ce qu’elle a raté. Dans ses yeux, d’une teinte exceptionnelle, un ciel et une mer mélangés, on dirait que des bateaux s’échouent continuellement, on dirait un cimetière, on dirait toutes les choses tristes de la vie en même temps. Ce n’est pas facile à regarder et ce n’est pas facile d’arranger cette histoire de ne plus vouloir vivre. Ne plus vouloir vivre, quand on le sent venir, c’est déjà là, elle dit. Ça vient d’un coup. Ça te saute dessus sans prendre d’élan. Ça s’installe. Et ça reste pour un temps indéfini. Elle s’y connait Andrée. Ce n’est pas la première fois qu’elle marche dans le noir. Je lui dis de ne pas s’inquiéter, qu’elle se rétablira comme à chaque fois. Un jour ou l’autre, elle voudra vivre à nouveau.

Plus d’informations et de citations sur Babelio.