L'hiver du mécontentement Thomas B. Reverdy Flammarion Prix Interallié 2018 The Unamed Bookshelf🏆Prix Interallié 2018

L’hiver du mécontentement ou quand Margaret Thatcher rencontre Richard III, finement analysé par une jeune actrice aux opinions politiques bien arrêtées. 1979, l’année où le capitalisme révéla ses limites, quand le chômage et l’inflation poussèrent les Britanniques dans la rue, et Margaret Thatcher au poste de Premier Ministre.

Belle leçon de politique internationale d’hier et d’aujourd’hui, à travers ce récit très bien construit, où l’Histoire s’entremêle avec l’une des plus grandes pièces de Shakespeare, dans une très fine transposition du jeu politique contemporain. Thomas B. Reverdy nous donne les faits historiques, certes, mais sous un jour extrêmement critique, parfois comique, abaissant nos dirigeants et leurs négociations à de vilaines farces. Poignées de main, sourires, photo. Simple tentative de se mettre dans la tête des citoyens britanniques en cette époque difficile ? Je crois plutôt que Thomas B. Reverdy nous offre ici son avis, très politisé, très engagé, sur les évènements du siècle passé – et surtout sur le bilan de la Dame de Fer, assez dramatique pour en faire un alphabet. Une prise de position forte, sur les évènements passés mais aussi ce que notre société est devenue depuis 1979, depuis que les Trente Glorieuses se sont effondrées et que nous constatons chaque jour l’étendue de l’incohérence profonde dans laquelle nous vivons.

Destins mêlés de Candice, jeune femme de cette nouvelle génération émancipée, loin des habituelles femmes au foyer de l’époque, Jones, subissant l’injustice et la pauvreté, et celui de Margaret Thatcher, fille d’épicier parvenue à force de médiatisation bien contrôlée la première femme Premier Ministre du Royaume-Uni – 3 destins bien différents, chacun servant à expliquer les autres. Une femme ne serait jamais devenue Premier Ministre sans les Jones de cette époque, sans les Candice progressistes. Un livre très bien pensé, avec son juste dosage de vérité historique, d’analyse psychologique avisée et de revendications politiques – fascinant.


Résumé de l’éditeur:

L’Hiver du mécontentement, c’est ainsi que le journal le Sun qualifia l’hiver 1978-1979, où des grèves monstrueuses paralysèrent des mois durant la Grande-Bretagne. Voici venir l’hiver de notre mécontentement, ce sont aussi les premiers mots que prononce Richard III dans la pièce de Shakespeare. Ce personnage, la jeune Candice va le jouer, dans une mise en scène exclusivement féminine. Entre deux tournées à vélo pour livrer des courriers dans un Londres en proie au désordre, elle cherchera à comprendre qui est Richard III et le sens de sa conquête du pouvoir. Au théâtre Warehouse, lors d’une répétition, elle croisera une Margaret Thatcher encore méconnue venue prendre un cours de diction et déjà bien décidée à se hisser à la tête du pays. Elle fera aussi la rencontre de Jones, jeune musicien brutalement licencié et peu armé face aux changements qui s’annoncent.

Thomas B. Reverdy écrit le roman de cet hiver qui a sonné le glas d’une époque et accouché d’un autre monde, un monde sans pitié où Just do it ne servira bientôt qu’à vendre des chaussures. Mais il raconte aussi comment de jeunes gens réussissent à s’y faire une place, en luttant avec toute la vitalité, la détermination et les rêves de leur âge.


Le pouvoir tire parti de tous les moments où l’on s’absente. Ce n’est pas de la lâcheté, ce n’est pas si simple. C’est un arrangement. On s’absente des moments désagréables, on essaie de profiter à fond des autres. On croit qu’on maîtrise le truc, comme un tour de magie de petite fille. Dans le fond on croit même qu’on en tire une forme de pouvoir nous aussi. En cédant on ne gagne pas qu’un répit. En cédant on gagne une sorte de contrôle sur la douleur et la réalité.
Richard n’a pas envie d’être roi. Il a envie de faire mal. Il a envie de les humilier et de les faire souffrir. Il a envie de savoir jusqu’où va le pouvoir qu’il peut prendre sur les autres. Il ne cherche pas un état ou une position. Ce n’est pas une position, le pouvoir.
C’est une relation. Comme l’amour ou la haine.
En fait, c’est l’amour et la haine réunis. C’est cela, le pouvoir.

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