
Holy Lands, c’est d’abord une histoire de cochons. On ne sait pas comment Harry Rosenmerck s’est retrouvé à élever des cochons en Israël mais ce pied de nez manifeste à toutes les sensibilités religieuses de la région n’en finit plus de nous tordre de rire. Assez vite pourtant, la correspondance fortuite entre Harry Rosenmerck et le rabbin Moshe Cattan dévie sur d’autres considérations. Il n’est plus seulement question de cochons, mais de religions, de toutes les religions, des lois divines, de la Shoah et des murs. Ce livre drôle se transforme petit à petit en manifeste pour la tolérance qui, à travers le rire et les opinions diverses de ses personnages, nous amène à une véritable réflexion sur l’existence d’un dieu, quel qu’il soit, sur les dérives du fanatisme religieux et sur la constitution de l’Etat d’Israël. Amanda Sthers, en nous démontrant que l’on peut rire de tout, sans être désobligeant ou médisant, désacralise un instant tous ces cultes qui dévorent cette partie du monde, montrant derrière eux les hommes et les femmes qui en écrivent l’histoire au quotidien.
Au-delà de ces réflexions politiques et théologiques, Holy Lands est aussi l’histoire de mots qui ne s’écrivent pas, tout ces mots que la famille Rosenmerck tente d’exprimer sur le papier sans jamais y parvenir. C’est l’histoire d’une génération qui cherche à exister en dehors de ce que ses parents ont connu, loin d’un ancrage territorial unique, loin d’une voie unique, professionnelle ou sexuelle. David et Annabelle sont juifs, apatrides, artistes, plus ou moins attardés moralement et sentimentalement. Face à la défection de leur père, parti élever des cochons en Israël, et à la maladie de leur mère, ils essaient de construire leur vie, comme ils le peuvent. Roman épistolaire d’une rare richesse, Holy Lands m’a fait passer du rire aux larmes, comme une évidence.
Grâce au Livre de Poche et à Studio Canal, j’ai eu la chance de découvrir en avant-première l’adaptation cinématographique du livre, un petit bijou au casting incroyable (James Caan, Tom Hollander, Rosanna Arquette, Jonathan Rhys-Meyers), réalisé par Amanda Sthers elle-même. Différent du livre par sa chronologie et ses quelques ajouts (Judas ❤️), il n’en reste pas moins fidèle à l’atmosphère générale du roman, il restitue magnifiquement les textes de l’auteur, leur humour mordant et leur sincérité confondante. Un film à ne pas manquer – sortie en salles le 16 janvier 2019 !
Saviez-vous qu’en Israël on se servait des porcs pour pourchasser les terroristes ? Ainsi Harry Rosenmerck, juif ashkénaze, cardiologue parisien, a tout quitté pour devenir éleveur de cochons en Terre sainte. […] David, le fils d’Harry, auteur de théâtre à succès, homosexuel, écrit à son père qui ne lui répond jamais. La fille d’Harry, Annabelle, quitte New York pour fuir un chagrin d’amour. Et enfin son ex-femme, qui se découvre un cancer et revisite leur histoire d’amour et ses zones d’ombre. C’est un roman sur les limites de chacun, sur les élans du cœur qui restent coincés dans la gorge, sur les instants qui passent et qu’on n’a pas su saisir. Sur la petite histoire dans la grande. A.S.
Et Amanda Sthers abat quelques murs d’incompréhension avec une salutaire vitalité. B. B., Marie France.
Je suis navré d’entendre qu’un petit morceau de chair caché dans mon slip me prive peut-être de faire partie du peuple élu. Vous savez, je suis un homme gentil même si j’aime le jambon. Sacrilège !
Plus d’informations et de citations sur Babelio.