📖68 Premières Fois – Automne 2018
Il faut parfois prêcher le faux pour obtenir le vrai : c’est exactement ce que fait ici Camille Brunel en nous décrivant un monde apocalyptique où les animaux sont presque entièrement disparus, où la survie d’un seul devient un combat acharné et où les hommes s’acharnent contre toute autre espèce humaine. Dans ce futur probable, le salut de l’espèce animale repose entre les mains d’extrémistes comme Isaac, devenu égérie au foulard bleu, un homme-animal financé par Hollywood, n’hésitant pas à détruire ou tuer pour défendre la cause des animaux. Malgré une certaine prise de conscience des hommes sur la cause animale, l’égocentrisme des Homo sapiens reste plus fort et l’extermination se poursuit, jusqu’à éradiquer entièrement toutes les espèces animales.
Récit coup de poing, La Guérilla des animaux nous pousse dans nos retranchements, nous incite à réfléchir sur la cause animale, sur le traitement actuel des animaux sauvages et d’élevage, sur notre régime omnivore et la nécessité pour nous de consommer d’autres êtres vivants. Camille Brunel ne fait pas dans la dentelle, et le message est clair : les animaux doivent être protégés et non pas asservis ou exterminés. A travers l’histoire d’Isaac, il va encore plus loin dans le discours animaliste que les organisations de défense des droits des animaux déjà existantes, nous laissant parfois perplexes, parfois convaincus, parfois totalement perdus. Un message fort sans aucun doute, même si parfois confus, au milieu des actions désordonnées de ces personnages enflammés. L’intrigue m’a parfois perdue dans les méandres des voyages et des meurtres et des libérations d’animaux et des retournements de situation et des changements à l’échelle planétaire… L’auteur aura en tout cas réussi à matérialiser entre les lignes le chaos qu’il prédit en cas d’extermination complète des animaux : le livre entier n’est que chaos d’idées entremêlées de rebondissements brefs et violents, justifiés par une idéologie globale, assénée lors de longs monologues du personnages principal.
Si je salue l’idée derrière le livre, le discours tranché qu’il véhicule, je suis restée assez imperméable à l’intrigue globale et aux personnages d’Isaac et Yumiko.
Comment un jeune Français baudelairien devient-il fanatique de la cause animale ? C’est le sujet du premier roman de Camille Brunel qui démarre dans la jungle indienne lorsqu’Isaac tire à vue sur des braconniers, assassins d’une tigresse prête à accoucher.
La colère d’Isaac est froide, ses idées argumentées. Un profil idéal aux yeux d’une association internationale qui le transforme en icône mondiale sponsorisée par Hollywood. Bientôt accompagné de Yumiko, son alter-ego féminin, Isaac court faire justice aux quatre coins du globe.
La rencontre des baleines était un spectacle parfait : le plus beau possible. L’art humain, dans ses derniers soubresauts, ne servait plus qu’à embaumer l’abjection ; le cinéma lui-même s’était fait mémorial de la honte, pensa Isaac, unique moyen de rappeler aux masses qu’elles arrivaient après l’innocence. Toutes les œuvres d’art réunies, littérature, architecture, peinture, cinéma, ne valaient pas le centième de cet instant où une seule baleine avait daigné percer la pellicule des flots et faire entendre l’écho de la vieille promesse du bonheur sur Terre. Le choc n’était pas seulement sentimental, il était esthétique : il n’y avait plus aucune raison d’écrire, de construire, de peindre, de tourner ; il fallait venir ici, Pacifique Nord, et voir ça, squale offert aux puissances de la gravité. La surprise d’avoir été jugé digne de voir ce qui s’était créé de plus grand, de plus doux et de plus aimable à la fois – sans éprouver le besoin d’en concevoir d’admiration pour personne, sinon la baleine qui n’y était pour rien et ne s’en souciait pas – justifiait tout le reste. La vie entière était le chemin laborieux vers ce spectacle-là, aucun autre.
Plus d’informations et de citations sur Babelio.
C’est ma prochaine lecture !! 😉
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Belle chronique pour ce livre dérangeant auquel je n’ai pas vraiment adhéré mais qui a le grand mérite de m’avoir fait réfléchir. Un livre qui aura laissé des traces dans ma mémoire.
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Ressenti similaire pour moi, je n’ai pas plus adhéré que ça mais j’ai bien réfléchi à la question de mon côté aussi.
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