Les Heures Solaires, Collection Arpège, Stock, Caroline Caugant, The Unamed Bookshelf Janvier 2019

Billie a quitté V. depuis de nombreuses années, elle s’est établie à Paris en laissant l’oubli effacer jusqu’au dernier souvenir de son enfance dans le Sud. Pourtant, Billie reproduit malgré elle les mêmes schémas que sa mère avant elle, elle se contente de vivre à moitié, elle se satisfait d’un demi-amour, d’une histoire impossible avec un homme marié. Ce n’est qu’au décès de Louise, cette mère lointaine et malade, qu’elle finit par se confronter de nouveau à son passé, mais aussi à ses racines, aux histoires oubliées de sa grand-mère Adèle, à qui elle ressemble tant. Une confrontation nécessaire et pourtant terriblement difficile, où sa filiation deviendra un véritable fardeau avant de devenir une délivrance.

Qu’est-ce qu’on hérite vraiment de nos parents et de leurs parents ? Un sang, des traits caractéristiques certes, mais sommes-nous aussi dépositaires de leurs défaillances, de leurs noirs instincts ? Payons-nous sans le savoir le prix d’une faute transmise de génération en génération ? Autant de questions sur la filiation que pose ici Caroline Caugant dans un roman captivant où une seule et même rivière suffit à faire le lien entre trois destins de femmes en apparence bien éloignés les uns des autres. Mélangeant passages épistolaires et récit, Caroline Caugant donne à son livre une rythme soutenu, donnant au lecteur juste assez d’informations pour le garder dans le creux de sa main. Une famille pétrie de secrets, des amours impossibles, des retrouvailles inespérées, ce roman combine tous les éléments d’un bon « page-turner » ! Si j’ai regretté une certaine prévisibilité dans l’intrigue, j’ai néanmoins été pleinement conquise par le style de l’auteur, sa capacité à nous faire voyager jusqu’à V., à nous faire entendre le chant des cigales et ressentir la chaleur étouffante de l’été – en plein mois de Janvier, il faut le dire !

Une très belle découverte donc, pour l’amatrice de romans familiaux que je suis, et un voyage enivrant le long de cette rivière pleine de secrets inavoués.


Résumé de l’éditeur:

Alors qu’elle prépare sa prochaine exposition, Billie, artiste trentenaire, parisienne, apprend la mort brutale de Louise. Sa mère, dont elle s’est tenue éloignée
si longtemps, s’est mystérieusement noyée.
Pour Billie, l’heure est venue de retourner à V., le village de son enfance.
Elle retrouve intacts l’arrière-pays méditerranéen, les collines asséchées qu’elle arpentait gamine, la rivière galopante aux échos enchanteurs et féroces, et surtout le souvenir obsédant de celle qu’elle a laissée derrière elle : Lila, l’amie éternelle, la soeur de coeur — la grande absente.
Les Heures solaires brosse le portrait de trois générations de femmes unies par les secrets d’une rivière. Y palpitent l’enfance, l’attachement à sa terre d’origine, l’impossibilité de l’oubli.
Et c’est en creusant la puissance des mémoires familiales que Caroline Caugant pose aussi cette question : les monstres engendrent-ils toujours des monstres ?


J’ai attendu au bord du chemin, la main encore levée. J’ai pensé qu’il allait revenir, qu’il ne pouvait pas en être autrement, parce que la guerre est absurde, parce que la Corse venait d’être libérée, que ce serait bientôt notre tour et qu’ils n’avaient peut-être plus besoin de lui. Parce qu’ils allaient le lui dire, confirmer ce fait incontestable qu’il valait mieux qu’il revienne là où vit sa bien-aimée. Parce que c’est ça qui importe le plus. Parce que le reste n’a pas de consistance. Parce que la guerre est une erreur, que c’est un état du monde passager, qui prend les vies et rend les hommes fous.

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