Gabriële Anne et Claire Berest Le Livre de Poche Prix des Lecteurs 2019 The Unamed Bookshelf📘Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2019

Oubliée ou volontairement effacée de l’Histoire, Gabriële Buffet-Picabia n’en est pas moins un personnage central, le cerveau prodigieux d’une génération artistique prête à rompre avec toutes les conventions du siècle précédent. Femme et muse de Francis Picabia, elle joue un rôle indispensable dans le renouveau de son oeuvre et dans celle de tant d’autres figures incontournables du XXème siècle. Pourtant, ses arrières-petites-filles ne l’ont jamais vue, n’ont jamais entendu parler d’elle. Une zone d’ombre dans leur arbre généalogique qu’elles transforment en quête, de vérité et d’identité.

Il est de ces moments, dans une vie, où tout indique l’absurdité d’une situation. Et pourtant, une force irrationnelle vous cloue en spectateur hagard du spectacle insensé de vos propres choix.

Je ne connaissais pas Gabriële, ni l’histoire tumultueuse de ces années d’ébullition artistique qui ont précédé la Première Guerre Mondiale. En ce sens, j’ai trouvé ce récit, cette reconstitution extrêmement intéressante, informative, initiatique même. J’ai découvert la douce folie de ces artistes que rien n’arrête, l’euphorie d’une époque disparue où tout était encore à inventer, l’ivresse des artistes intellectuels prêts à tout pour la beauté de l’art. Une découverte entraînante mais malheureusement pas captivante.

Le style documentaire du récit m’a laissée en dehors de la narration, les nombreuses citations d’écrits préexistants ont donné au livre un ton journalistique assez neutre, à peine contrebalancé par les interrogations très personnelles des auteurs sur le mystère de leur généalogie. Dans cette quête de vérité, le romanesque a été délibérément laissé de côté, et il m’a terriblement manqué. J’aurais aimé plus de détails, d’effusions, d’éclats et moins de compte-rendus et de descriptions. C’était une bonne lecture mais elle ne m’a pas attrapée, elle n’a pas su me faire véritablement voyager, dans le temps et dans l’espace, au gré des péripéties des Picabia. Ce n’était probablement pas l’objectif premier d’Anne et Claire Berest quand elles ont rédigé ces lignes et je les comprends. Ce livre était pour elles, pas vraiment pour moi.


Résumé de l’éditeur:

Septembre 1908. Gabriële Buffet, une jeune femme de vingt-sept ans, indépendante, musicienne, féministe avant l’heure, rencontre Francis Picabia, un peintre à succès et à la réputation sulfureuse. Il avait besoin d’un renouveau dans son œuvre, elle est prête à briser les carcans : insuffler, faire réfléchir, théoriser. Elle devient « la femme au cerveau érotique » qui met tous les hommes à genoux, dont Marcel Duchamp et Guillaume Apollinaire. Entre Paris, New York, Berlin, Zurich, Barcelone, Étival et Saint-Tropez, Gabriële guide les précurseurs de l’art abstrait, des futuristes, des Dada, toujours à la pointe des avancées artistiques. Ce livre nous transporte au début d’un XXe siècle qui réinvente les codes de la beauté et de la société.


Il est des hommes qui tombent à genoux devant la jeunesse, d’autres devant la beauté, certains devant la gentillesse et la bonté, Francis Picabia, en ce mois de septembre 1908, succombe devant un esprit. Il vient de rencontrer la femme la plus intelligente qu’il lui ait été donné de connaître, « intelligence faite d’instinct » qu’il oppose à celle « que l’on rencontre partout, dans les réunions mondaines, les concerts, les couloirs de théâtre et les salles de conférence… » Il est absolument hors de question de laisser Gabriële prendre son train pour Berlin.

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