Les miroirs de Suzanne Sophie Lemp Allary Editions The Unamed Bookshelf

Certaines choses sont tenues pour acquises, et ce n’est qu’avec leur disparition que le besoin impérieux de les retrouver, de se les réapproprier, ressurgit soudainement. C’est ce qui arrive a Suzanne, une mère à l’existence tranquille, ayant cadenassé ses journaux d’adolescente jusqu’à les oublier tout à fait. Lorsqu’ils disparaissent, elle replonge dans ses années perdues, et surtout dans cette histoire d’amour fulgurante et atypique avec Antoine, qu’elle avait laissée de côté depuis Vincent. A travers l’écrire, elle parviendra à retrouver les mots perdus, ces mots trouvés par un autre, qu’il rendront à la vie.

Les miroirs de Suzanne se caractérise par sa douceur, la douceur des mots d’abord, ces phrases caressantes et sincères qui s’enroulent autour de nous et nous font l’effet d’un cocon rassurant et bienveillant. La douceur de vivre, la simplicité de l’instant, savouré par Suzanne auprès de ses filles, ou dans la tiédeur du Sud et l’odeur des figuiers. La douceur des personnages, ce Martin renfermé et solitaire qui se dévoile prévenant et attentionné, un sentimental somme toute, plus apte à dessiner qu’à parler. La douceur de l’amour, la richesse de ce sentiment sous ses diverses formes, la douceur de l’abandon qu’il procure, même s’il peut faire mal parfois, il finit toujours par rassurer.

Toute cette douceur révélée par une seule et même chose : l’écriture. Ces cahiers écrits par Suzanne lorsqu’elle était jeune fille, lus dans la pénombre par Martin dans sa petite chambre sous les toits. L’écriture de ce roman auquel Suzanne s’attelle pour reconstituer le passé et lui dire au revoir une bonne fois pour toute. Et l’écriture de ce livre, offert par Sophie Lemp à ses lecteurs pour montrer le pouvoir de l’écrit sur les âmes blessées. Un très joli cadeau, qui m’a beaucoup touchée.


Résumé de l’éditeur:

Suzanne a quarante ans, une vie tranquille, un mari et deux enfants. Un matin, son appartement est cambriolé. Ses cahiers, journal de son adolescence, ont disparu. Des cahiers qui racontent Antoine, l’écrivain qui avait trois fois son âge, qui racontent cet amour incandescent, la douleur du passage à l’âge adulte.

Martin est livreur, il pédale pour épuiser ses pensées. Un soir, il trouve les cahiers au fond d’une poubelle et dévore ces mots qui le transpercent. Qui le ramèneront à la vie.


J’ai envie d’une belle histoire, d’amour partagé, du prince charmant, l’homme de ma vie, la folie d’aimer. / J’aime cet état de séduction inconsciente, de fantasme, cette tendresse retenue. Peut-être que si je faisais l’amour avec lui, ça gâcherait tout. / Il faudrait que j’écrive ses mots, ses rires, ses excès, sa fragilité, ma pudeur, mon désir, mes peurs. / Ecrire pour dire, sans forme, ce que j’ai dans la tête, dans le coeur, dans le corps, ces pensées. Ecrire ma vie depuis des années, la consigner presque chaque jour, relire ensuite les pages noircies et pouvoir ainsi me souvenir plus précisément des moments vécus. / Je néglige tout à côté de lui. Je me sens comme entre parenthèses. / Il m’a dit qu’il me donnerait un objet magique à mettre au mur. / Ecrire. Pour ce qu’il me transmet. Pour cet amour que j’ai pour lui. Ecrire l’attente au téléphone. Sa voix. Son manteau en cuir noir. Sa façon de bouger sur la musique. Ses contradictions. Folie.
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