Olivier Chantraine Un élément perturbateur Folio 2019 The Unamed Bookshelf

Serge Horowitz, quarantenaire peureux et aphasique, ne doit son travail dans une boite d’optimisation fiscale qu’à son frère François, prestigieux Ministre des Finances. Un voyage au Japon lui donne l’occasion de passer plus de temps avec la beauté fatale qui lui sert de collègue et de massacrer un deal crucial pour ses patrons et son frère. De retour de ce business trip catastrophique, Serge voit sa vie chamboulée par sa soudaine liaison avec Laura, la tout aussi soudaine liaison de sa sœur avec un homme âgé, la très prédictible mais non moins angoissante campagne présidentielle de son frère, etc… Le début de la fin ou l’occasion d’un nouveau départ pour Serge ?

En temps normal, je préfère les romans qui me sortent de mon quotidien, me propulsent dans une réalité lointaine et dépaysante. Pour autant, Un élément perturbateur m’a entièrement séduite – bien qu’il soit totalement ancré dans ce qui fait ma réalité, à savoir les grandes entreprises françaises et leurs pratiques parfois franchement aberrantes. Avec son personnage atypique, décalé et désabusé, Olivier Chantraine nous entraîne dans les méandres de notre propre vie quotidienne, dans les incongruités de nos structures professionnelles, dans les diktats de notre société capitaliste. C’est piquant, c’est touchant et en même temps, ça fait sacrément réfléchir – un combo gagnant pour l’auteur qui signe ici un premier roman mordant et distrayant !

Ce qui commence comme un simple roman humoristique se transforme assez vite en un véritable roman d’apprentissage, où notre personnage, à quarante-quatre ans, se trouve contraint de réinventer sa vie et de sortir de sa zone de confort, à force d’être chamboulé par des événements incongrus. De follement hypocondriaque et terriblement solitaire, notre « petit Serge » devient indépendant, prend en main sa propre vie, fait le grand saut. Un beau message d’espoir et de liberté pour nous encourager à nous libérer des carcans de notre société capitaliste, à vivre notre vie comme nous en avons envie et à rire de toutes les petites choses improbables de notre quotidien, en profitant des choses simples – comme une bière dans un Campanile de province un soir de karaoké, en compagnie du réceptionniste.


Résumé de l’éditeur:

«J’enroule ma parka Patagonia dans mon sac à dos avant d’entrer, et me saisis d’une chemise cartonnée qui me permet de débouler directement dans les couloirs sans qu’on sache précisément d’où je viens. Ensuite je pose la chemise sur mon bureau et file à la machine à café, généralement en compagnie de Laura, accréditant la thèse de la première pause d’une journée commencée bien plus tôt. Laura est la seule ici à me témoigner un début d’affection, peut-être parce qu’elle n’a pas de chien ni d’enfant à charge.»

Un premier roman à l’humour décapant, qui illustre le rapport ambivalent du héros à la réussite, à la famille, au couple, et à tous types de discours dominants.


Notre société se noie dans un océan de bavardages, des news radio du matin assénées d’un ton faussement enjoué aux débats stériles des présentateurs de chaînes d’info botoxés comme de vieilles Californiennes, surjouant la complicité jusqu’à l’outrance ; sans parler des consignes de sécurité crachées dans des hauts-parleurs de piètre qualité sur les quais de métro ni des milliers de mots échangés en pure perte avec des collègues de bureau autour de banalités bien bordées, savamment épurés de tout sujet potentiellement polémique : politique, religion, préférence sexuelles, blagues sur des personnes mortes, niveaux d’imposition, résidences secondaires.

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