Ma reine Jean-Baptiste Andrea Folio Livres The Unamed Bookshelf

Il a beau n’avoir jamais connu que la station où ses parents l’ont élevé, Shell décide de partir un beau jour pour la guerre, afin de prouver sa valeur et de convaincre ses parents de ne pas l’envoyer au loin. Arrivé sur le plateau qui surplombe la vallée, il tombe nez à nez avec Viviane, une fille fantasque à l’imagination débordante qui l’entraîne dans ses jeux. Shell découvre un nouveau monde de reines et de châteaux, de superstitions et de règles, auquel son esprit purement logique se plie sans difficulté. Ayant toujours été un peu différent, et n’ayant jamais eu d’amis, il se laisse entraîner sans mesurer la gravité de certains de leurs jeux…

Le pouvoir de l’imagination. C’est finalement le centre du récit, plus que l’histoire de Shell et Viviane, dont on ne sait finalement même pas s’ils se sont vraiment trouvés, s’ils ont vraiment joué ensemble et s’ils se sont vraiment fâchés. L’imagination est au coeur de cette histoire, que ce soit celle de Shell, qui s’imagine pouvoir partir à la guerre un peu jour en sortant de chez lui, ou de celle de Viviane, qui invente des tas de jeux et d’histoires fantastiques pour meubler son quotidien morne. Leur imagination leur permet à tous les deux de s’extraire de leurs vies difficiles, de repousser les limites de leur monde borné et de se rêver plus grands qu’ils ne le sont vraiment.

Avec un style à la fois naïf et attachant, Jean-Baptiste Andrea décrit avec une justesse désarmante les pensées du petit Shell – bien que ça ne soit pas son véritable prénom -, cet enfant légèrement autiste, attaché à ses routines, à la propreté de ses affaires, à sa lampe de chevet qu’il fait clignoter trois fois avant de s’endormir. Il nous montre avec un grande sensibilité la joie de ce garçon lorsqu’il rencontre enfin quelqu’un qui ne le considère pas comme un attardé et ne le traite pas comme tel. Viviane lui offre un échappatoire, une autre façon d’envisager sa vie et de se voir lui-même, et rien que pour ça, il est prêt à la suivre au bout du monde. Un joli conte moderne, où reines et châteaux cachent des réalités insoupçonnées.


Résumé de l’éditeur:

«Grâce à Viviane j’étais devenu immense, j’avais touché le ciel d’une main et la terre de l’autre. Le monde avait retrouvé sa reine et c’était grâce à moi.»

Été 1965. Shell s’enfuit de la station-service où il a grandi avec ses parents. Sur le plateau qui surplombe la vallée de l’Asse, seuls se déploient le silence et les odeurs du maquis. Une fille, comme un souffle, vient à sa rencontre. Avec elle, tout s’invente et l’impossible devient vrai. Dans l’univers fulgurant de Viviane, Shell ne se sent plus différent. Alors par jeu, par amour, il lui obéit, sans s’apercevoir que son dévouement le conduit bien au-delà de ce qu’il avait imaginé.


Tout d’un coup une colère noire m’a pris, une colère énorme à boucher la vallée. Contre les cordelles, contre Viviane qui m’avait écrit une lettre que je ne pouvais pas lire, contre moi et tous mes problèmes, contre mon père qui n’aimait personne, contre ma mère qui lui pardonnait, contre les fourmis qui trouvaient toujours un moyen de rentrer dans ma chambre quand j’étais sûr d’avoir bouché tous les trous. Contre le grille-pain qui brûlait les tartines même en position 1. Contre la faim et la soif qui ne servaient à rien. Et puis encore contre cette foutue lettre et tous ses secrets, je l’ai prise à deux mains et je l’ai déchirée, j’ai déchiré des morceaux de plus en plus petits jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à déchirer. Ce qu’elle disait, sa lettre, à Viviane, je m’en foutais. Çà ne devait pas être important , sinon elle aurait attendu que je revienne pour me le dire. Et si c’était important c’était bien fait pour elle, elle aurait dû réfléchir avant d’écrire à un imbécile.

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