Prenez un chef de police bourru, à la voiture dégueulasse et au goût prononcé pour la malbouffe. Ajoutez-y un ancien du FBI reconverti en détective privé, rêvant de construire lui-même sa maison en bois malgré son incapacité notoire à découper un tronc d’arbre, et affublez-le d’un colocataire geek associable et hypocondriaque. Saupoudrez là-dessus un héritier richissime à la vie aseptisée et son épouse parfaite sous toutes les coutures – jusqu’à ce qu’elle soit tragiquement enlevée par « le Cinéphile », un psychopathe qui embaume ses victimes et les déguise en Grace Kelly. Voilà, en quelques mots le portrait de ce roman, un bon polar américain comme je les aime, avec de beaux personnages bien clichés et une intrigue qui part dans tous les sens. Même si j’admets n’avoir pas toujours tout compris, notamment l’histoire des numéros de téléphone cachant des coordonnées géographiques, j’ai passé un sacrément bon moment à suivre les pérégrinations de nos trois compères entre Baltimore, Washington et le Canada.
Ici finalement, l’intrigue initiale n’est qu’un prétexte pour planter le décor et justifier la collaboration du trio le plus improbable de la terre : Thomas Lynch, chef de police, Jack Miller, détective privé et Peter (?), le geek misanthrope. Quoiqu’en dise la quatrième de couverture, j’ajouterais un quatrième larron à cette petite bande : l’agent Lewis, du FBI, ou la tête de turc du trio pendant toute l’enquête, à notre plus grand bonheur. Entre deux blagues un peu douteuses, nos copains se retrouvent confrontés à des secrets d’Etat absolument abominables, dans la droite lignée du Patriot Act voté après 9/11. En plaçant son intrigue sans un pays où la défense du territoire justifie tous les moyens, Zoé Shepard nous livre un roman très noir où les libertés individuelles et le respect des personnes sont des notions totalement floues et sans raison d’être face à la menace terroriste. Un scénario catastrophe habilement amené et servi par un style fluide et une bonne dose d’humour noir !
Depuis des mois, Baltimore ne respire plus. Un serial killer surnommé « le Cinéphile » assassine des femmes qu’il embaume, avant de les grimer en Grace Kelly. Mais tout s’emballe quand disparaît Maggie Exton, l’épouse du chef de cabinet adjoint de la Maison-Blanche.
Ils seront trois à mener l’enquête : Thomas Lynch, un flic qui compense sa mauvaise humeur par une consommation excessive de donuts ; Jack Miller, un ex du FBI trompé par sa femme et reconverti en détective privé ; Peter, un geek misanthrope à l’intelligence supérieure. Jamais ils n’auraient imaginé jusqu’où l’affaire les mènerait. Car à l’heure du Patriot Act, l’Amérique se noie. Surveillance de masse, guerre contre le terrorisme, cybertechnologies… La fin justifie les moyens et la CIA ne recule devant rien. Surtout pas devant l’innommable.
Les photos des victimes étaient punaisées aux murs comme autant de rappels de leur impuissance.
Higgins n’avait plus d’ongles et avait commencé à arracher méthodiquement les peaux de ses doigts avec ses dents. Guildenstein allumait ses cigarettes avec le mégot des précédentes et passait les trois quarts de son temps à négocier avec le procureur et à haranguer ses équipes. Thomas avait caressé l’espoir que Jane, son assistante depuis dix ans, garderait la tête froide, mais il avait vite déduit que changer de couleur de cheveux toutes les semaines n’était pas une manifestation évidente de stoïcisme.
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