Deux amants dans une chambre d’hôtel impersonnelle de Coney Island se retrouvent, boivent du café soluble, s’aiment et se quittent. Billy O’Callaghan choisit un huis clos atypique pour ce roman à fleur de peau, explorant les méandres de ces vies en marge. Caitlin et Michael ont suivi le chemin qui s’offrait à eux, jour après jour, sans s’apercevoir qu’ils ne faisaient que bâtir leur propre insatisfaction, leur propre prison. Ils ont su se trouver pour alléger leurs vies creuses et dénuées de sens, se rendre à eux-mêmes, mais n’ont jamais osé faire de cet adultère plus que ce qu’il n’est : un échappatoire éphémère. Alors que cet équilibre fragile est menacé, ils continuent à jouer le jeu des amants, à se susurrer des mots doux, tout en sachant qu’ils pourraient être les derniers.
Les amants de Coney Island est un récit doux, tendre, une bulle de calme dans un univers en pleine tourmente. Non, il ne s’y passe absolument rien, mais justement, c’est ce qui fait tout son charme. Cette parenthèse est l’occasion pour Caitlin et Michael de revenir sur leurs vies, leurs choix, les concours de circonstances qui les ont mené là, dans cette chambre, au bord de ce gouffre dans lequel ils manquent de s’enfoncer. Ils reviennent sur leurs rêves déçus, leurs renoncements, l’implacable tragédie de leurs vies monotones. C’est un point d’étape, un bilan après des années de relation adultère, une projection vers ce que sera demain, quand ils ne pourront plus s’appuyer sur leurs rendez-vous mensuels. Billy O’Callaghan sublime ce moment difficile d’une prose poétique et langoureuse, où chaque détail prend son importance, où chaque infime caractéristique peut être source de beauté et de charme. C’est émouvant et triste à la fois.
La tempête de neige qui s’abat sur la presqu’île de Coney Island, en cet après-midi d’hiver, n’empêchera pas Michael et Caitlin de se retrouver dans un petit hôtel comme ils le font une fois par mois depuis un quart de siècle, mais elle confère à leurs retrouvailles une urgence inhabituelle. Michael et Caitlin sont mariés – chacun de son côté. Depuis tant d’années, leur vie est rythmée par ces rendez-vous clandestins et mensuels, toujours à Coney Island – dans le décor étrange et un peu décati d’une station balnéaire aux allures de parc d’attractions –, puisqu’ils n’ont pas eu le courage de divorcer et de laisser derrière eux un quotidien terne. Mais si cet après-midi-là ils feront l’amour comme à chaque fois, ils devront aussi parler de l’avenir, prendre des décisions peut-être. Car Thomas, le mari de Caitlin, sera sans doute muté dans le Midwest, et la femme de Michael, Barbara, est en train de se mourir d’un cancer.
Alors Michael et Caitlin vont-ils enfin oser se projeter dans une vie commune, ou au contraire, vont-ils renoncer ? Pendant que les heures dans cette chambre trop froide s’égrènent, les souvenirs affluent : leur rencontre dans un dancing, le coup de foudre, la mort du bébé de Michael et Barbara, la brève carrière d’écrivain de Caitlin, mais aussi leurs enfances respectives, elle à Brooklyn, lui sur la petite île d’Inishbofin au large du Connemara. Deux êtres qui partagent une intimité radicale dans le secret le plus absolu, deux amants à la croisée des chemins. Et lorsque l’après-midi se finit, tous deux doivent prendre le train du retour…
O’Callaghan exprime avec une précision inouïe la force du lien qui unit un homme et une femme, il y parvient à travers l’évocation à la fois sensuelle et hyperréaliste de l’amour physique. Il dit aussi les rêves et les actes manqués, les renoncements et les regrets, mais il chante surtout, et avant tout, le manque et le désir qui vous brûlent, vous coupent le souffle, vous font vivre.
Les livres, pour Caitlin, n’avaient jamais été rien de moins qu’une forme de sorcellerie. Enfant, elle était toujours armée, et à l’approche de l’adolescence, elle était devenue une lectrice si vorace que ses deux visites par semaine à la bibliothèque locale parvenaient à peine à étancher sa faim. Plus qu’une éducation, les livres lui offraient une échappatoire, la liberté dans toutes les directions. Les îles désertes et les profondeurs du cosmos devinrent pour elle aussi réelles que les rues de Brooklyn ; elle découvrit les cavaliers sans tête, le rafting, le Londres de l’époque victorienne, les chiens qui traversaient des continents pour retrouver leurs maîtres, et elle fit connaissance avec des pirates à la jambe de bois, des détectives fumant la pipe, des cowboys qui buvaient et se bagarraient mais qui aimaient leur monture plus encore que leurs femmes, et plaçaient l’honneur au-dessus de tout.
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Je n’ai pas aimé ce livre …
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Décidément nos ressentis ne sont pas très en phase en ce moment ! Mais ça me semble assez logique, mes deux dernières lectures étant assez semblables dans le style, si tu n’as pas aimé l’une c’est normal que tu n’aimes pas l’autre 🙂
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C’est comme même drôle ! 😀
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Avec un peu de chances, le prochain on l’aimera toutes les deux !
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Oui 😆😉😉😉😉😀
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