📘Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2019
Son mari décédé, Cora Seaborne profite de sa nouvelle liberté pour partir dans l’Essex, s’adonner à sa passion : les fossiles et ammonites, qu’elle collectionne. Férue de science, elle s’entend pourtant étrangement bien avec le pasteur William Ransome, avec lequel elle entretient de longues conversation lors de leurs balades dans les marais. Mais une menace sourde plane au-dessus de leur bonne entente : celle du serpent de l’Essex, mythique créature revenue d’entre les morts pour hanter la lande… Alors mythe ou réalité ?
Plongez dans l’univers envoûtant de l’époque victorienne, de Regent’s Park et ses grandes demeures à Bethnal Green et ses taudis, de Colchester et ses habitants atypiques à Aldwinter et ses superstitions campagnardes. Laissez Cora vous entraîner dans ces lieux si différents, chacun à sa manière symbole d’une époque de bouleversements, avec l’arrivée de la science et de l’industrie, avec le changement des mentalités et l’émancipation progressive des femmes. Chaque personnage de ce roman est un cliché à sa manière : Martha, socialiste de la première heure, prête à tout pour aider les ouvriers de Londres, Luke, chirurgien avant-gardiste prêt à tenter toutes les opérations interdites, Georges, représentant de l’ancienne noblesse, plein aux as et ne sachant que faire de sa fortune… Seuls Cora et Will échappent à cette classification pré-établie, étant chacun un savant mélange de plusieurs choses, à la fois sauvages et distingués, à la fois intellectuels et paysans dans l’âme, seule leurs différentes croyances amène de la discorde entre eux.
Malgré quelques longueurs et un style que certains trouveront peut-être trop descriptif, Le serpent de l’Essex vous offre une échappée bienvenue dans la campagne anglaise, une réflexion assez caractéristique de l’époque sur la foi, la superstition et la science, toutes trois intimement entrelacées lorsqu’il s’agit d’expliquer les étranges phénomènes de l’Essex. J’ai apprécié de retrouver dans ce roman une atmosphère similaire à celle des Hauts de Hurlevent, envoûtante et sauvage, ainsi qu’une écriture fluide et recherchée, avec de nombreuses références dans le texte (merci à la traductrice pour ses notes !). C’était un bon moment de lecture, plus pour le cadre du récit que l’intrigue en elle-même.
Cora Seaborne, jeune veuve férue de paléontologie, quitte Londres en compagnie de son fils Francis et de sa nourrice Martha pour s’installer à Aldwinter, dans l’Essex, où elle se lie avec le pasteur William Ransome et sa famille. Elle s’intéresse à la rumeur qui met tout le lieu en émoi : le Serpent de l’Essex, monstre marin aux allures de dragon apparu deux siècles plus tôt, aurait-il ressurgi de l’estuaire du Blackwater ?
Dans un cadre marqué par une brume traversée d’étranges lumières, Cora Seaborne construit sa liberté.
Et comment expliquer autrement le désir que j’ai pour vous ? J’étais satisfait, Cora. J’étais parvenu à la fin de toute ce qui était nouveau : je n’avais plus de surprises en réserve et je n’en cherchais aucune. Je remplissais ma fonction. Et voilà que vous êtres apparue; de vos cheveux, qui ne sont jamais coiffés, à vos vêtements d’homme, je n’ai jamais aimé votre apparence (cela vous ennuie-t-il?). Mais je semble vous avoir apprise par cœur, je semblais vous avoir tout de suite reconnue, j’ai eu la liberté immédiate de vous dire tout ce que je n’aurais jamais pu dire ailleurs… Tout cela est pour moi la « substance de choses que l’on espère, la preuve de choses que l’on ne voit pas »! Devrais-je être honteux ou troublé ? Je ne suis ni l’un ni l’autre. Je refuse de l’être.
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