📘Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2019
La maison aux orangers, c’est l’intrusion du conflit israélo-palestinien dans l’intimité des hommes et des femmes qui le subissent au quotidien, ceux qui ont tout perdu à cause de lui, ceux à qui on rappelle chaque jour les méfaits d’un peuple qu’il ne connait pas, ceux dont la vie est façonnée par cette guerre à des kilomètres de leur foyer, qu’ils le veuillent ou non. Salim est palestinien, Judit est juive, ils veulent croire en leur amour, mais leur héritage et les tensions entre leurs peuples les mettent à rude épreuve.
J’ai foulé le sol de Jaffa il y a moins d’un mois, me baladant autour de l’Horloge et sur le front de mer, alors forcément, cette lecture a eu une résonance très particulière pour moi. J’ai pu me représenter les lieux, l’état d’esprit des personnages, leurs traditions, leurs déchirements, pour avoir été dans ce pays il y a si peu de temps. J’en ai été d’autant plus bouleversée, pleine d’espoir quand les tourtereaux se rencontrent et puis déchirée en deux tout le reste du roman, partagée comme eux entre le passé et le présent, leur volonté propre et les attentes de leurs proches, leur amour et la guerre faisant rage autour d’eux.
Claire Hajaj capture magnifiquement bien les sentiments sous-jacents de ses personnages, leurs tiraillements et interrogations, qu’elle a probablement vécus elle aussi, ayant été élevée entre les deux cultures. Elle parvient à nous emmener avec elle sur ce chemin tortueux, à travers les paysages majestueux d’Israël et de Palestine, du Koweit et d’Angleterre, nous faisant voyager tout en nous faisant réfléchir, c’est une belle réussite. Captivant, dramatique et pourtant solaire, La maison aux orangers est une oeuvre magistrale et nécessaire pour nous inciter à la tolérance et à l’empathie.
Jaffa, Palestine, 1948. Salim attend impatiemment le jour de ses huit ans. Enfin, il va pouvoir accompagner son père pour la cueillette des oranges, symbole du passage à l’âge adulte. Mais il n’aura jamais cette joie : la guerre israélo-arabe débute et sa famille est obligée de fuir en laissant derrière elle la maison et les orangers. Sunderland, Angleterre, 1959. Judit, douze ans, doit préparer sa Bat Mitsvah. Elle voudrait pourtant oublier son prénom trop connoté, le poids écrasant du passé familial, hanté par les pogroms russes et les camps allemands, et elle se jette à corps perdu dans la natation. Londres, swinging sixties. Lorsque leurs chemins se croisent, Judit et Salim tombent follement amoureux.
Comment réussir à imposer leur histoire ?
Parviendront-ils à surmonter les embûches qui les attendent ?
– Ah, Salim, tu es plus futé que ça. Ce n’est pas le nombre d’années passées quelque part qui définit ton foyer. Être chez soi, ça se ressent ici, dit-elle en tapant sur la poitrine de son fils. C’est ton cœur qui sait où se trouve ta véritable place, celle qui t’appartient et à qui tu appartiens. Mais je vais te dire un secret, habibi. Il y a des gens qui ne se sentent nulle part chez eux. Quel que soit l’endroit où ils se trouvent, ils sont toujours malheureux. Ils errent d’un lieu à un autre pour essayer de trouver la paix, continua-t-elle d’une voix tremblante. Et, en général, ils finissent par retourner là où ils sont nés. C’est la pire des malédictions.
Plus d’informations et de citations sur Babelio.
Tagué:Prix des lecteurs
je note, il devrait me plaire…
Je suis plongée dans « Les déracinés » de Catherine Bardon (et la suite « L’Américain) et elle suit outre l’exil de familles juives d’Autriche avec l’Anschluss, la création de l’état d’Israël passionnant…
J’aimeAimé par 1 personne
J’ai lu Les déracinés également, j’ai énormément aimé (la chronique est sur ce blog quelque part 😊). Bonnes lectures !
J’aimeAimé par 1 personne