Trois gouttes de sang Sadeq Hedâyat Editions Zulma 2019 The Unamed Bookshelf

A travers dix petites nouvelles, Sadeq Hedâyat nous emmène en voyage dans son pays d’origine, l’Iran. Au travers de petits contes, il nous enivre de parfum d’Orient, de barbes teintées au henné, de plats exotiques et de cette tradition orale d’où sortent les meilleures histoires. C’est un voyage des sens et de l’imagination, une plongée dans l’Iran d’hier et d’aujourd’hui, une échappée loin de notre vie de tous les jours.

Dans ces dix nouvelles, Sadeq Hedâyat explore de nombreux thèmes associés à la société iranienne, aussi bien la religion que les superstitions, la place des femmes que leur ascendant sur leurs maris, le multiculturalisme du pays et le racisme latent envers les Arabes installés en Iran. Il nous donne à voir les multiples facettes d’un pays méconnu, souvent mal jugé de nos jours. La religion est un des thèmes prédominants de ses écrits, avec de nombreuses références au pèlerinage à Kerbela et à l’absolution qu’il est supposé donner aux croyants – quitte à les absoudre carrément de meurtres sans pitié. En Iran, la religion musulmane semble intimement liée aux superstitions et aux présages, régulièrement utilisés par les personnages pour prendre des décisions, guider des choix. Se sont surtout les femmes, chez Hedâyat, qui guettent les présages, et s’en servent pour en faire voir de toutes les couleurs à leurs maris ! Elles ont beau être voilées et couvertes du traditionnel tchador, elles n’en restent pas moins toutes puissantes dans la prose de l’auteur, capables d’un simple regard d’aliéner le coeur des hommes, des les ruiner d’une seule exigence, de les manipuler d’une seule faveur.

Sadeq Hedâyat livre ici une succession de petites pépites littéraires, contes atypiques aux leçons décalées, teintés des couleurs d’un Orient immémorial.


Résumé de l’éditeur:

Chez Sadeq Hedâyat, trois gouttes de sang au fond d’un jardin nourrissent amplement la folie d’un homme, une mission archéologique suit pas à pas la recette de sorcellerie découverte au creux d’un sarcophage, une jeune fille simple se découvre masochiste dans le mariage, et un fidèle perroquet vaudrait presque tous les serments d’amour.
Dans ce recueil empli d’échos, les chants de l’enfance tournent en boucle comme des obsessions, les arbres ont forme humaine au crépuscule et les ombres des hommes sont bien plus libres que leurs pas – Trois gouttes de sang, comme mille et une nuits cauchemardesques et grinçantes, extraordinaires, cruelles, magnifiques.


On vit bientôt apparaître un imposant dôme doré, encadré de beaux minarets, et en symétrie, une autre coupole, bleue celle-là, qui tranchait comme la pièce neuve d’un vêtement abusivement raccommodé sur le fond des maisons de torchis. Le soleil allait se coucher quand la caravane s’engagea dans une avenue bordée de murs en ruine et de petites boutiques. Il y avait là un grand rassemblement de toutes sortes de gens : des Arabes coiffés du fez arboraient des mines où l’idiotie le disputait à la roublardise ; plus loin, de louches individus aux allures d’escrocs, la tête enturbannée, la barbe et les ongles passés au henné, le crâne rasé, égrenaient des chapelets et se promenaient en sandales, vêtus en tout et pour tout de caleçons longs et de sandales. Certains parlaient persan, d’autres jacassaient en turc, d’autres encore lançaient des mots en arabe qui roulaient dans l’air après être sortis du fond de la gorge et jusque des entrailles.

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