📘Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2019
Ils sont quatre, amis inséparables, sur le point de quitter la fac de Bristol. Ce roman est l’histoire de leur vie après ça, de leurs réussites et de leurs déboires, de leurs amours ratées et de leurs succès inégaux. Il y a ceux qui réussissent et ceux qui restent toujours à la traîne, jusqu’à ce que la roue tourne, il y a des rêves brisés et une poisse indécrottable mais heureusement, ils restent toujours plus ou moins suffisamment amis pour se soutenir malgré tout ça. Quand vous avez compris ça, vous avez compris l’essentiel du roman.
Un été invincible se présente comme un roman d’apprentissage, une exploration du passage à l’âge adulte, ce moment où rien ne se passe comme on l’aurait imaginé et que nous aspirations prennent finalement une toute autre direction face à cette réalité parfois difficile à digérer. Vaste sujet ! Pourtant, c’est traité ici de manière assez clichée, avec des personnages sortis tout droit d’une galerie de stéréotypes : la fille carriériste qui se tue pour son boulot à la City, le scientifique timide fou amoureux d’elle mais n’ayant jamais osé se déclarer qui finit par se marier avec la première fille qu’il engrosse, le petit dealer qui tire son épingle du jeu en organisant de grosses soirées dans les clubs londoniens et l’artiste si populaire à la fac qui se retrouve au ban de la société une fois confrontée au monde réel. La nuance vient plus tard, quand l’âge et les emmerdes les rattrapent. Parce que des emmerdes, ça ils en ont ! On est bien loin d’une ode à la vie, ici c’est plutôt rêves brisés et amours déçus, de quoi donner envie de rester enfant à jamais.
La morale de l’histoire semble donc être : la vie c’est tout pourri mais heureusement les amis sont là pour rattraper le coup. Une ode à l’amitié donc, plutôt qu’une ode à la vie. D’ailleurs, j’ai dû rater quelque chose, mais je n’ai pas compris le titre. Est-ce que l’été est invincible parce que l’auteur fait plus ou moins systématiquement le point sur leurs vies au moment de l’été ? La quatrième de couverture nous laisse miroiter un « été invincible » ayant ancré leur amitié, je ne l’ai pas trouvé entre ces pages. Lecture décevante donc malgré les avis positifs que j’avais pu voir par ailleurs et la promesse de la quatrième de couverture.
Benedict, Eva, Sylvie et Lucien sont inséparables depuis leurs années de fac à Bristol. Leur diplôme en poche, ils vont, pour la première fois, se disperser. Eva part pour Londres où l’attend un poste dans la finance ; Benedict reste à Bristol pour préparer son doctorat. Quant à Sylvie et Lucien, fidèles à leurs rêves, ils entament une vie plus bohème, faite d’art et d’aventure. À l’approche de la trentaine, leurs liens autrefois si forts se distendent. Le temps qui passe les éloigne les uns des autres, leurs routes divergent. Pourtant, leurs chemins vont de nouveau se croiser, faisant revivre le souvenir de l’« été invincible » qui les a liés pour toujours.
Entre Donna Tartt, David Nicholls et Jane Austen, cette évocation fine et juste de la période douce-amère de la vingtaine est un merveilleux hommage à l’amitié.
Elle n’avait pas son appareil avec elle – il était déjà emballé avec le reste de ses affaires -, aussi essaya-t-elle de photographier mentalement la scène : Lucien, ses yeux brillant d’une sombre lueur, Sylvie, ses cheveux flamboyant au soleil tel un halo radioatif, et à côté d’eux, Benedict se tournant vers elle sur fond de ciel bleu clair et, la surprenant à le regarder, lui adressant son grand sourire de travers. Retiens bien cette image, s’enjoignit-elle. Tout est sur le point de changer, mais, par pitié, faites que je conserve cet instant.
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