Un peu de nuit en plein jour Éric L’Homme Calmann Lévy Rentrée littéraire 2019 The Unamed BookshelfDepuis Le Livre des étoiles, cette saga fantastique ayant bercé mes jeunes années, je n’avais pas rouvert de roman d’Erik L’Homme – bien que son nom soit resté gravé dans ma mémoire. C’est donc avec une certaine excitation mêlée d’appréhension que j’ai ouvert Un peu de nuit en plein jour, court roman récemment paru aux Editions Calmann Levy. Erik L’Homme laisse un moment de côté la littérature jeunesse pour faire une incursion remarquée dans celle les plus âgés, une apparition teintée de science-fiction et de poésie. Il nous esquisse un monde apocalyptique où le jour a disparu pour laisser place à une nuit perpétuelle, où les riches sont devenus immortels à force de traitements tandis que les pauvres vivent dans des caves et glanent l’impression d’être en vie à la « cogne », combats à main nues opposant les clans.

Malgré la taille très modeste du roman – quelques 200 pages qui se dévorent d’une traite – les personnages sont agréablement fouillés, d’une densité rare. Féral, Livie, Clarisse, tous trois nous apparaissent dans l’immensité de leurs forces et de leurs faiblesses, de leur histoire en creux et de leurs passés nébuleux. Féral, cet homme fort et puissant, une vraie montagne de muscles, mais qui pourtant surprend par la rapidité et l’intensité avec lesquelles il est touché touché par Livie et ses grands yeux magnétiques, séduit par la poésie d’un livre qu’elle a laissé à son intention. Clarisse, riche peintre immortelle, en recherche perpétuelle de plaisir charnel pour combler le vide d’une vie d’infinie perfection.

C’est un roman subtile et magnétique, un écrin de tendresse soudainement ouvert à nos yeux puis aussitôt refermé pour nous laisser le plaisir de l’imagination.


Résumé de l’éditeur:

« Il ne reste plus que ça aujourd’hui, la communion des caves, cette sauvagerie qui seule subsiste une fois quittée la grisaille de la surface où les clans survivent dans des boulots plus pourris qu’une charogne oubliée sur un piège. »

Ce pourrait être le monde de demain. Paris est envahi par une obscurité perpétuelle et livré aux instincts redevenus primaires d’une population désormais organisée en clans. Dans ce monde urbain terriblement violent, Féral est un des derniers à avoir des souvenirs des temps anciens. Il est aussi un as de la « cogne»,
ces combats à mains nues qui opposent les plus forts des clans dans des sortes de grand-messes expiatoires. C’est lors d’une de ces cognes qu’il rencontre Livie, qui respire la liberté, l’intelligence, la force. Leur amour est immédiat, charnel, entier. Mais le destin de Féral va se fracasser sur cette jeune femme qui n’est pas libre d’aimer.

Bijou littéraire, Un peu de nuit en plein jour parle de notre monde qui s’abîme, de la part de sauvagerie en l’homme, de l’inéluctabilité des destins.


– Je suis l’horizon orange qui fabrique d’étranges orages…
Il aime le goût des mots sous sa langue.
Il retourne au chamane et à ses songes, ouvre le livre au hasard.
– Je suis le voleur de vent, le mangeur d’amande, le pelleteur de nuages, je danse sur la lande comme l’oiseau en voyage…
Cette façon de lire lui plaît. Il ferme le recueil et le rouvre ailleurs.
– Je suis la mélodie égrenée dans la brume par les roseaux de la flûte d’un Pan trop vieux pour souffler encore l’amour sur l’écume de l’eau.

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