Cent millions d'années et un jour Jean-Baptiste Andrea Editions de L'Iconoclaste Rentrée littéraire 2019 The Unamed Bookshelf

Être paléontologue, c’est croire qu’une merveille peut être découverte n’importe où n’importe quand, qu’un animal décédé depuis des centaines de millions d’années nous attend bien sagement au fond d’une grotte, attendant d’être ramené à la surface par un homme plus téméraire qu’un autre. C’est en tout cas ce que croit Stan, quand il part à la recherche de son « dragon », créature mystique découverte dans la montagne par un vieil Italien immigré à Paris. Pour faire aboutir son rêve fou, Stan s’entoure d’un groupe hétéroclite : un géant italien ayant été son ancien assistant, le nouvel assistant allemand de celui-ci et un sage guide pour qui les montagnes n’ont plus de secret. A la poursuite d’un hypothétique squelette de dinosaure, ils vont braver la montagne et son glacier, les saisons et la nature, la fatigue et l’épuisement, jusqu’au bout.

Après Ma reine, Jean-Baptiste Andrea prend un tournant à 360° et nous plonge au coeur des Alpes, dans la tête d’un paléontologue en fin de carrière, n’ayant plus rien à perdre et prêt à tout pour devenir enfin l’homme qu’il avait promis à sa mère de devenir. Le ton n’a rien à voir, le point de vue est différent, le sujet diamétralement opposé, pourtant deux choses persistent de la patte de l’auteur : la qualité de cette prose directe révélant au lecteur toute l’immensité des paysages et cette courses aux rêves, aux espoirs fous, à la vie telle qu’on aimerait qu’elle soit, et pas telle qu’elle est véritablement. Ici encore, Stan veut croire en son squelette, sa vision le porte, lui permet de traverser tous les obstacles que la montagne met sur son chemin, lui permet de persévérer toujours plus loin, toujours plus longtemps. C’est ce rêve qui réunit notre petit groupe d’explorateurs, malgré les difficultés, les erreurs, les vérités que Youri leur assène au coin du feu . Dernier personnage de l’expédition, il amuse et provoque, renvoyant chacun à sa condition d’homme faible face à l’immensité de cette nature hostile et face aux voies impénétrables du destin.

Alors, le trouveront-ils ou pas ? Ce n’est pas vraiment la question finalement. Jean-Baptiste Andrea brode autour de ce squelette une véritable histoire d’amitié improbable, forgée dans l’adversité et plus résistante qu’un glacier – une histoire qui m’a émue aux larmes. Il écrit également une déclaration d’amour à cette montagne indomptable, ce géant de glace dont on sera bien bête de croire pouvoir l’apprivoiser, ce personnage à part entière de l’expédition, dictant sa loi et imposant ses limites. Roman puissant aux paysages à couper le souffle, c’est une claque pour nous rappeler de toujours persister dans la réalisation de nos rêves, aussi fous soient-ils.


Résumé de l’éditeur:

1954. C’est dans un village perdu entre la France et l’Italie que Stan, paléontologue en fin de carrière, convoque Umberto et Peter, deux autres scientifiques. Car Stan a un projet. Ou plutôt un rêve. De ceux, obsédants, qu’on ne peut ignorer. Il prend la forme, improbable, d’un squelette. Apato-saure ? Brontosaure ? Il ne sait pas vraiment. Mais le monstre dort forcément quelque part là-haut, dans la glace. S’il le découvre, ce sera enfin la gloire, il en est convaincu. Alors l’ascension commence. Mais le froid, l’altitude, la solitude, se resserrent comme un étau. Et entraînent l’équipée là où nul n’aurait pensé aller.

De sa plume cinématographique et poétique, Jean-Baptiste Andrea signe un roman à couper le souffle, porté par ces folies qui nous hantent.


Joyeux Noël, Nino !
C’est toi, maman ? Attends, je t’ai préparé un cadeau, il doit être quelque part.
Voilà, cette boule de neige bien ronde, bien blanche, je l’ai faite pour toi. Et ce soir, c’est dîner de fête. Viande séchée sur tranche de fruit sec, suivie d’une tranche de fruit sec sur viande séchée. A boire, l’eau la plus pure que tes lèvres aient touchée, cueillie au plus près de sa source, la bouche à même la pierre qui gargouille. Puis nous chanterons et nous danserons et je t’offrirais ton véritable cadeau. Je t’offrirai l’été.

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