🙋🏼Grand Prix des Lectrices Elle 2020
Soyons honnêtes, les essais n’ont jamais vraiment été ma tasse de thé – c’est pourquoi j’ai décidé de sortir de ma zone de confort en intégrant le Grand Prix des Lectrices du magazine Elle, pour lequel je vais lire un essai par mois. Il faut dire que mes collègues jurées ont plutôt bien choisi l’essai qui inaugure cette nouvelle aventure. Dans Des hommes justes, Ivan Jablonka réussit l’exploit de nous faire réfléchir sur la justice de genre, en nous instruisant sur le patriarcat, l’histoire et les victoires du féminisme ainsi que sur le déclin des masculinités de domination. Autant de notions qui hantent nos sociétés mais sur lesquelles nous avons rarement l’occasion de prendre du recul – à moins d’être très investies sur ces sujets, ce que je ne suis pas.
Cet essai, étrangement passionnant pour la novice que je suis, m’a ouvert les yeux sur un certain nombre d’enjeux, de conditionnements et de combats dont je n’avais jamais vraiment eu conscience, étant née au XXème siècle, après les plus grandes victoires du féminisme. Les deux premières parties, sur l’histoire du patriarcat et de son implantation dans nos sociétés, puis sur l’histoire du féminisme et de ses revendications, m’ont beaucoup appris, tout en m’apportant des éclairages précieux. Ivan Jablonka a réussi à rendre son propos simple, parfois même drôle, rendant son livre facile d’accès pour n’importe quel lecteur intéressé par le sujet.
C’est dans la troisième partie que nous touchons au cœur de son point de vue : la nécessité de mettre en place une justice de genre, plus qu’une simple égalité des sexes. Il défend l’idée d’une nécessaire implication des hommes dans ce changement majeur de nos sociétés, une fois qu’ils auront laissé de côté les diverses masculinités polluant leurs rapports aux femmes, aux autres minorités et aux bouleversements socio-économiques du XXIème siècle. Si je ne suis pas forcément toujours alignée avec ses idées, j’ai apprécié de pouvoir réfléchir plus longuement à ces notions, j’ai apprécié de pouvoir partager avec lui cet idéal d’une société juste, où les femmes n’auraient plus à se battre pour pouvoir être considérées à l’égal des hommes, mais où chacun serait considéré indépendamment de son sexe, de sa couleur de peau, de ses orientations sexuelles, ou de tout autre trait de caractère ne faisant pas de lui un homme blanc dominant.
Comment empêcher les hommes de bafouer les droits des femmes ? En matière d’égalité entre les sexes, qu’est-ce qu’un « mec bien » ? Il est urgent aujourd’hui de définir une morale du masculin pour toutes les sphères sociales : famille, entreprise, religion, politique, ville, sexualité, langage. Parce que la justice de genre est l’une des conditions de la démocratie, nous avons besoin d’inventer de nouvelles masculinités : des hommes égalitaires, en rupture avec le patriarcat, épris de respect plus que de pouvoir. Juste des hommes, mais des hommes justes.
Ivan Jablonka est historien et écrivain. Il a notamment publié Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus (prix du Sénat du livre d’histoire 2012), Laëtitia ou la fin des hommes (prix Médicis 2016) et En camping-car (prix Essai France Télévisions 2018). Ses livres sont traduits en douze langues.
Et cela dure toute la vie : bébé, enfant, adolescente, lycéenne, étudiante, salariée, épouse, mère de famille, une femme est traitée comme une femme, jusqu’à ce que le sexe et le genre coïncident parfaitement, selon l’idéal que chaque société se fixe : serrer les jambes quand on est assise, ne pas parler trop haut, être belle et avoir honte des imperfections de son corps, ne jamais faire le premier pas en amour, brider son ambition professionnelle. A l’issue d’un long enseignement silencieux, les femmes deviennent des créatures-pour-autrui, oblates empathiques, douloureusement réflexives, privées de cette légitimité de naissance que le masculin confère aux hommes.
Plus d’informations et de citations sur Babelio.
Cet essai me tente beaucoup ! J’aime bien la façon qu’à cet auteur de dire les choses sans se prendre trop au sérieux, simplement mais justement ! Merci pour ce partage !
J’aimeAimé par 1 personne
Avec plaisir! C’est en effet tout à fait l’approche d’Ivan Jablonka, il fait preuve de beaucoup de modestie, notamment dans son dernier chapitre expliquant ses motivations pour écrire cet essai.
J’aimeJ’aime
Curieuse de découvrir cela …
J’aimeAimé par 1 personne
j’hésite car les essais et moi, c’est un peu compliqué… J’ai aimé la façon dont il parle de son livre à LGL alors peut-être 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis comme toi et pourtant, j’ai bien accroché avec celui-là !
J’aimeAimé par 1 personne