Le Ghetto intérieur Santiago H. Amigorena Editions P.O.L Rentrée littéraire 2019 The Unamed Bookshelf Grand Prix des Lectrices Elle 2020🙋🏼Grand Prix des Lectrices Elle 2020

Nombreux sont les livres qui racontent la vie des victimes de la barbarie nazie, dans les camps, les ghettos ou sous l’occupation allemande. Quelques romans, comme Les Déracinés, explorent la difficulté de fuir et de reconstruire sa vie dans un pays étranger. Rares sont les livres qui parlent de ceux qui n’étaient pas là, en Europe, au moment des faits. En nous racontant l’histoire de son grand-père, Santiago H. Amigorena met en lumière la douleur des absents, ceux qui ignoraient tout de ce qui arrivait là-bas à leur famille, et ne l’ont découvert qu’à la fin de la guerre. Condamnés à rester dans l’ombre et l’incompréhension face à la mort tragique et violente de leurs proches, beaucoup ont dû se retrancher dans le silence, comme Vicente Rosenberg. Avec ce livre, Santiago H. Amigorena leur rend la parole, les réhabilite comme victimes eux aussi.

Puissamment intime, Le Ghetto intérieur décortique le poids de la culpabilité, celle d’un homme qui a sauvé sa peau, en laissant les siens courir à leur perte. Cette culpabilité, née d’une courte lettre dans laquelle Vicente Rosenberg découvre l’existence du ghetto de Varsovie où est enfermée sa famille, ronge petit à petit le coeur de cet homme bon et aimant, jusqu’à le plonger dans une profonde apathie. Pour ne plus ressentir, pour ne plus penser, il cesse de parler, de s’intéresser aux siens, de construire sa vie. Il ne vit plus que pour perdre, utilisant le poker comme échappatoire à ce sentiment de tout avoir par rapport à sa famille restée en Pologne. Rongé par la culpabilité et le regret, Vicente Rosenberg va imposer autour de lui un silence de plomb, lesté du poids de sa culpabilité et de ses regrets. Un silence que son petit-fils cherche à briser ici, en plongeant au coeur de l’Histoire pour en étaler les horreurs bien en vue devant un lecteur ébahi et choqué.

Un livre incroyablement poignant, difficile et nécessaire, pour nous rappeler encore et toujours que l’humanité est une et indivisible, que personne ne peut se définir d’un seul mot, et encore moins quand ce mot ouvre la porte au massacre et à la déshumanisation.


Résumé de l’éditeur:

« Vicente Rosenberg est arrivé en Argentine en 1928. Il a rencontré Rosita Szapire cinq ans plus tard. Vicente et Rosita se sont aimés et ils ont eu trois enfants. Mais lorsque Vicente a su que sa mère allait mourir dans le ghetto de Varsovie, il a décidé de se taire. 

Ce roman raconte l’histoire de ce silence – qui est devenu le mien.« 

Santiago H. Amigorena raconte le « ghetto intérieur » de l’exil. La vie mélancolique d’un homme qui s’invente une vie à l’étranger, tout en devinant puis comprenant la destruction de sa famille en cours, et de millions de personnes. Vicente et Rosita étaient les grands-parents de l’auteur qui écrit aujourd’hui : « Il y a vingt-cinq ans, j’ai commencé un livre pour combattre le silence qui m’étouffe depuis que je suis né ». Ce roman est l’histoire de l’origine de ce silence.


Depuis qu’il avait commencé d’entrevoir ce qui se passait en Europe, Vicente s’était senti de plus en plus juif. Mais cela ne servait toujours pas à le rassurer. Avant 1939, Vicente s’était beaucoup demandé s’il était ceci ou cela, argentin ou polonais, juif ou athée. Et il avait soulagé sa conscience, ou alors l’avait-il tourmentée, en songeant que ne sachant pas du tout ce qu’il avait de commun avec lui-même, avec celui qu’il avait été la veille ou avec celui qu’il serait le lendemain, avec celui qu’il était lorsqu’il était ivre de bonheur ou celui qu’il était lorsqu’il était ivre de rage, avec celui qu’il avait été lorsqu’il était enfant ou celui qu’il serait lorsqu’il serait grand-père, comment pourrait-il savoir ce qu’il avait en commun avec n’importe quel Argentin ou avec n’importe quel Juif dont il ignorait absolument tout ?

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