🙋🏼Grand Prix des Lectrices Elle 2020
Mike est tellement fou d’amour pour Verity qu’il ne peut concevoir qu’elle ne l’aime pas en retour, et se persuade qu’elle va lui revenir. Méthodiquement, il aménage leur maison, sculpte son corps comme elle aime, entasse les millions sur son compte en banque pour pouvoir lui offrir tout ce qu’elle désir – mais la patience s’est pas son fort, et tout bascule. Il faut dire que le pitch fait envie : ça promet un sacré roman psychologique chargé de suspense et hautement dérangeant. Et en effet, dans les premières pages, ça tient la route, Mike est dans son fantasme, l’auteure plante le décor de ce couple fusionnel, brusquement séparé, de l’enfance difficile du narrateur qui servira à expliquer tout le reste.
Mais finalement, plus le récit avant, plus l’équilibre sur lequel repose toute l’intrigue s’avère branlant. L’idée de l’auteure est simple : faire reposer l’ambiguïté sur les pratiques atypiques de Mike et Verity, ce fameux Jeu auquel ils s’adonnaient pendant leur relation, un Jeu où Mike devait obéir au doigt et à l’oeil, supporter la jalousie pour mieux la retrouver. L’idée pourrait tenir la route, si la mise en oeuvre était plus subtile. Le comportement de Verity ne prête pas vraiment à confusion pour un lecteur sain d’esprit, laissant ce dernier totalement perplexe devant les détournements rocambolesques inventés par Mike pour nourrir son propre fantasme. Ses interprétations semblent souvent trop tirées par les cheveux, trop extrapolées, même pour un homme transi d’amour et incapable de concevoir qu’il puisse avoir tort.
Même si ce livre se lit plutôt bien, il a plus d’une fois échoué à me convaincre par son manque de finesse dans l’intrigue et dans les péripéties. Le tension dramatique a beau être indéniablement présente, elle a parfois des petits loupés quand les événements racontés semblent trop « gros » pour être crédibles aux yeux du lecteur.
Traumatisé par une enfance difficile, Mike Hayes menait une existence paisible, bien que solitaire, jusqu’au jour où il a fait la connaissance de Verity Metcalf. Verity lui a tout appris de l’amour et, en échange, Mike a consacré sa vie à la rendre heureuse. Il lui a trouvé sa maison, son travail, et il s’est sculpté le physique que Verity considère comme idéal. Il sait qu’ensemble ils connaîtront le bonheur.
Peu importe si elle ne répond pas à ses e-mails ou à ses appels.
Peu importe qu’elle soit mariée à Angus.
Cela fait partie du jeu secret auquel ils avaient l’habitude de jouer.
Le suspense psychologique pervers sur le désir, l’obsession, les histoires qu’on se raconte et celles qui nous font basculer.
J’ai lu quelque part que si l’humanité est si tragique, c’est parce que nous sommes tous la moitié d’un tout et que la plupart d’entre nous passent leur existence à chercher désespérément cet autre qui les rendrait complets. Sauf qu’on le trouve rarement parce qu’en général il vit à l’autre bout du monde. Mais on continue à chercher sans savoir qui ou quoi, ni même qu’on est en train de chercher, car c’est notre impératif biologique. Au bout d’un moment, on commence à paniquer, car on sent ce trou immense en nous et on sait qu’il va falloir soit le remplir soit mourir. Certains se tournent vers la boisson, la drogue, le jeu ou la télé, n’importe quoi qui leur fasse oublier qu’ils foncent à travers la vie sur une route solitaire qui ne mène qu’au néant. D’autres empruntent des voies plus conventionnelles et arrivent à se convaincre que la personne qui leur a toujours paru trop chiante/grasse/laide/violente/psychotique/nulle-au-lit est en fait « la bonne ». La seule en ce monde grâce à qui ils ne se trancheront pas les veines au prochain réveillon. Mais bien sûr, ce n’est pas elle, alors les récriminations et les regrets s’accumulent, et finalement ils se retrouvent au même endroit que les autres, à s’abrutir de drogues, d’alcool ou de télé. Personne n’est parfait, voilà ce qu’on entend souvent, parce que pour l’immense majorité, c’est la vérité. Votre perfection vit en ce moment même au pied d’une montagne en Mongolie et vos chemins ne se croiseront jamais.
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