Et toujours dans les Forêts, Sandrine Collette, Editions JC Lattès Le masque Grand Prix des lectrices Elle 2020, The Unamed Bookshelf🙋🏼Grand Prix des Lectrices Elle 2020

🏆Prix de la Closerie des Lilas 2020

Après une enfance difficile, Corentin avait enfin découvert la vie facile, celle des étudiants de la Grande Ville, celle des amitiés éphémères et des rendez-vous clandestins dans les souterrains. Il en avait presque oublié Augustine, cette arrière-grand-mère qui l’avait élevé au fin fond des forêts. Pourtant, quand la catastrophe frappe, c’est vers elle que toutes ses pensées se dirigent, vers cette femme qui constitue sa seule famille. Pour la retrouver, il traversera tout le pays en cendres, dans la plus grande solitude et le plus grand dénuement possible. Mais qu’y aura-t-il après cette quête interminable à reconstruire, à recommencer dans ce monde désolé ?

Avec ce roman très noir et désespéré, Sandrine Collette nous amène à nous interroger sur notre impact sur l’environnement et les conséquences réelles de notre laisser-aller. Notre société de sur-consommation et de sur-pollution pourrait mener à une catastrophe comme celle vécue par Corentin, et alors les quelques survivants pourront expérimenter l’indicible solitude, l’infinie détresse de subir ce monde mort, et l’atroce vacuité de la vie quand le seule chose qui reste, c’est la survie. Sandrine Collette nous fait relativiser sur le confort de nos vies actuelles et sur tout ce que nous avons à perdre si nous prenons pas plus soin de la terre sur laquelle nous vivons. Pour autant, elle arrive petit à petit à faire renaître l’espoir et finit son roman sur une véritable ode à l’humanité et à sa capacité d’aimer.

C’est le premier roman de Sandrine Collette que je lis et je dois dire que j’ai beaucoup aimé son style saccadé, haché, avec ces questions-réponses dans le texte, ces brusques interruptions qui installent une véritable connivence avec le lecteur. C’est un style qui tient en haleine tout en créant une réelle intimité entre le lecteur et les personnages principaux – d’autant qu’ils sont bien peu nombreux. Un vrai « page-turner » !


Résumé de l’éditeur:

Corentin, personne n’en voulait. Ni son père envolé, ni les commères dont les rumeurs abreuvent le village, ni surtout sa mère, qui rêve de s’en débarrasser. Traîné de foyer en foyer, son enfance est une errance. Jusqu’au jour où sa mère l’abandonne à Augustine, l’une des vieilles du hameau. Au creux de la vallée des Forêts, ce territoire hostile où habite l’aïeule, une vie recommence.
À la grande ville où le propulsent ses études, Corentin plonge sans retenue dans les lumières et la fête permanente. Autour de lui, le monde brûle. La chaleur n’en finit pas d’assécher la terre. Les ruisseaux de son enfance ont tari depuis longtemps ; les arbres perdent leurs feuilles au mois de juin. Quelque chose se prépare. La nuit où tout implose, Corentin survit miraculeusement, caché au fond des catacombes. Revenu à la surface dans un univers dévasté, il est seul. Humains ou bêtes : il ne reste rien. Guidé par l’espoir insensé de retrouver la vieille Augustine, Corentin prend le long chemin des Forêts. Une quête éperdue, arrachée à ses entrailles, avec pour obsession la renaissance d’un monde désert, et la certitude que rien ne s’arrête jamais complètement.


Jamais il ne leur expliqua que l’ennui était un éclat et un flamboiement, car jamais les enfants ne s’ennuyèrent. Ils avaient perçu l’exaltation de l’imaginaire, la capacité de faire un monde qui n’existait que dans leur tête, mais auquel leur tête donnait vie cependant. Corentin en voyait les reflets, des images fuyantes au fond de leurs yeux. Cela brillait, c’était jaune et orange et chaud. Il leur demandait de lui décrire. Cela ne ressemblait à rien de ce qu’il avait connu. Il était tenté de leur dire – cela ne fonctionne pas ainsi, cela n’existe pas, n’existera pas, cela n’est pas possible.
Mais était-ce plus impossible que le monde qui avait brûlé et qui renaissait à peine ?

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