Rien n'est noir Claire Berest Editions Stock Grand Prix des Lectrices Elle 2020 The Unamed Bookshelf Frida Kahlo Diego Rivera🙋🏼Grand Prix des Lectrices Elle 2020

L’idylle de Frida Kahlo et Diego Rivera compte parmi les plus légendaires du monde de l’art. Mais peut-on vraiment parler d’une idylle quand les deux protagonistes se détruisent autant qu’ils s’aiment ? Dans ce livre envoûtant, Claire Berest retrace l’histoire d’amour des deux peintres, ses promesses brisées et ses moments d’éclat. Restituant les douleurs physiques et les contradictions latentes de Frida Kahlo, elle fait entrer, avec son style inimitable, cette petite femme téméraire dans la légende.

Mais où s’arrête la fiction et où commence la biographie ? Avec son style évanescent, l’auteure donne parfois le sentiment de romancer les faits, de prêter à nos personnages des comportements plus romanesques qu’ils n’en avaient véritablement. Frida Kahlo nous apparaît tour à tout comme une déesse capable de surpasser ses douleurs physiques pour faire de sa vie, de son corps, un spectacle à destination des autres, puis comme une petite fille perdue utilisant la peinture comme un exutoire à son mal-être profond. Tout comme Diego Rivera finalement, à la fois peintre illustre, amant insatiable et amoureux éperdu de sa Frida, la seule à même de l’égaler.

C’est de manière très poétique que Claire Berest nous restitue l’histoire de Frida et Diego, l’ambivalence des sentiments amoureux, l’égoïsme de la jalousie et l’exigence de l’art. Moi qui connaissais peu les travaux de ces deux peintres et encore moins leurs vies personnelles, j’ai apprécié de les découvrir dans ce roman sensible et musical aux airs de conte romantique impossible.


Résumé de l’éditeur:

« À force de vouloir m’abriter en toi, j’ai perdu de vue que c’était toi, l’orage. Que c’est de toi que j’aurais dû vouloir m’abriter. Mais qui a envie de vivre abrité des orages? Et tout ça n’est pas triste, mi amor, parce que rien n’est noir, absolument rien.
Frida parle haut et fort, avec son corps fracassé par un accident de bus et ses manières excessives d’inviter la muerte et la vida dans chacun de ses gestes. Elle jure comme un charretier, boit des trempées de tequila, et elle ne voit pas où est le problème. Elle aime les manifestations politiques, mettre des fleurs dans les cheveux, parler de sexe crûment, et les fêtes à réveiller les squelettes. Et elle peint.
Frida aime par-dessus tout Diego, le peintre le plus célèbre du Mexique, son crapaud insatiable, fatal séducteur, qui couvre les murs de fresques gigantesques.»


– Tu es en train d’asseoir ta renommée, ton talent s’affermit, et au moment où les gens commencent à s’intéresser à Frida Kahlo, à comprendre que tu es un des artistes les plus importants de l’époque, toi tu rentres te cacher à Coyoacán, avec tes poupées et tes animaux et tes superstitions au lieu de te jeter dans l’arène, de te battre et de prendre de l’ampleur.

– Qu’est-ce que tu veux ? Je ne suis pas toi, Diego, j’ai essayé, mais je ne suis pas toi. Je n’ai pas envie d’être célèbre. Je me fous de l’arène, je me fous de ces pince-fesses de bourgeois, je ne suis pas en train de forger une carrière. Moi, je ne me bats pas, Diego ? Je passe la moitié de ma vie à l’hôpital à me faire charcuter comme si j’étais un bout de viande sur l’étal d’un boucher ! Je ne suis pas malade, je suis brisée ! À Paris, j’ai cru que j’allais mourir. J’ai mal partout, j’ai mal tout le temps. Je ne parviens pas à imaginer ce que c’est que de ne pas ressentir de douleurs dans le dos, dans les mains, dans les jambes, dans le ventre. Je n’ai pas des pieds, j’ai des sabots, on m’a déjà enlevé des orteils, je boite ; dans les cabarets, je ne peux plus que regarder les autres danser. Je ne compte même plus mes fausses couches. Quatre, cinq ou six ? Et tu me dis que je ne me bats pas ? Je vis avec toi depuis dix ans, et tu oses dire que je ne me bats pas.

Plus d’informations et de citations sur Babelio.