Miroir de nos peines Pierre Lemaitre Editions Albin Michel Janvier 2020 The Unamed BookshelfAprès Au revoir là-haut et Couleurs de l’incendie, Pierre Lemaitre finit en beauté sa trilogie historique en nous plongeant dans une année que la France aurait préféré oublier : 1940, année de la défaite, que dis-je, de la débâcle devant les Allemands. Dans ce joyeux bordel où le gouvernement français fait l’autruche, où l’armée assiste impuissante à l’écrasement de son infranchissable ligne Maginot et où la quasi-totalité de la population du nord du pays se retrouve sur les routes en direction du Sud, nous suivons les aventures de quelques personnages atypiques, plus ou moins héroïques, dissimulateurs ou touchants.

Comme de coutume, Pierre Lemaitre nous invite à nous amuser de tout, notamment avec ce personnage mémorable de Désiré Migault, l’imposteur au sommet de son art, virtuose de tout sans n’être véritablement rien, capable de se frayer un chemin aussi bien dans un tribunal qu’au sein du gouvernement français ! Ici encore, la galerie de personnages inventée par Pierre Lemaitre est d’une remarque densité, un véritable catalogue de l’âme humaine et de ses subtilités. Certains voient leur vie décortiquée pour expliquer toutes les facettes de leur personnalité, tel Raoul Landrade, tandis que d’autres restent des personnages secondaires d’une grande humanité qui nous touchent au plus profond de nos petits cœurs d’artichaut – oui, je parle bien de ce cher M. Jules !

Tantôt cocasse, tantôt plein de rebondissements, Miroir de nos peines est le roman de la fuite en avant, fuite sur les routes, fuite dans la vie, fuite de l’ennemi, on ne sait pas toujours pourquoi on court, mais on y va et on finit par se retrouver dans de sacrés situations. Même si elle peut parfois paraître un peu loufoque, c’est une histoire rondement menée que celle-ci, dans laquelle le lecteur s’engage aussi sûrement que Louise dans sa quête pourtant peu prometteuse au premier abord. On ne peut que regretter, en refermant ce livre, qu’il soit le dernier de cette saga si agréable à dévorer…


Résumé de l’éditeur:

Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu’elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d’une période sans équivalent dans l’histoire où la France toute entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches… Et quelques hommes de bonne volonté.
Il fallait toute la verve et la générosité d’un chroniqueur hors pair des passions françaises pour saisir la grandeur et la décadence d’un peuple broyé par les circonstances.
Secret de famille, grands personnages, puissance du récit, rebondissements, burlesque et tragique… Le talent de Pierre Lemaitre, prix Goncourt pour Au revoir là-haut, est ici à son sommet.


– Si l’on en croit Radio-Stuttgart, Hitler est aux anges. Nos services d’espionnage et de contre-espionnage nous livrent, eux, des informations autrement plus gênantes pour le Reich. D’abord, Hitler est très malade. Il est syphilitique, ce qui n’a rien d’étonnant. Même s’il a tout fait pour le cacher, Hitler est homosexuel, il a d’ailleurs attiré auprès de lui quantité de jeunes hommes pour assouvir ses fantasmes, personne n’a jamais eu de nouvelles d’eux. Il ne dispose que d’un seul testicule et souffre d’une impuissance irréversible qui l’a rendu fou. Il mord les tapis, arrache les rideaux, reste prostré pendant des heures. Du côté de son état-major, la situation n’est pas meilleure. Ribbentrop, disgracié, s’est enfui avec le trésor des nazis. Goebbels sera bientôt jugé pour trahison. Faute de chefs lucides et sains d’esprit, l’armée allemande est condamnée à faire la seule chose qui ne demande pas de réflexion : foncer droit devant elle. Nos chefs d’armée l’ont parfaitement compris, qui la laissent s’épuiser dans cette course folle et la stopperont dès qu’elle n’offrira plus de résistance, ce qui ne saurait tarder.

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