Sous les eaux noires Lori Roy Editions JC Lattès Le Masque Grand Prix des Lectrices Elle 2020 The Unamed Bookshelf🙋🏼Grand Prix des Lectrices Elle 2020

Lorsque Lane Fielding retourne à Waddell après son divorce pour vivre chez ses parents avec ses deux filles, elle doit faire face aux démons de son passé. S’il est déjà suffisamment difficile de se confronter à nouveau à tout ce qu’elle avait fui et enterré au plus profond d’elle-même, ce n’est rien en comparaison de ce qui l’attend réellement quand sa fille, Annalee, disparaît. Persuadée que passé et présent sont intimement liés, elle replonge dans son adolescence pour tenter de retrouver sa fille, tandis que Talley, sa cadette, avance elle aussi à tâtons dans cette intrigue retorse…

C’est un sacré polar psychologique que nous sert ici Lori Roy, où de nombreuses intrigues, amoureuses, familiales, criminelles, se mêlent pour emmener le lecteur toujours plus loin dans les tréfonds de l’âme humaine. Grâce à une alternance efficace des points de vue, de petits détails nous sont apportés au compte goutte, pour mieux nous berner et nous tenir en haleine. C’est en effet un polar qui se caractérise par sa lenteur d’action, par son exploration profonde des réactions psychologiques des personnages et par ses descriptions d’une précision remarquable. Lori Roy nous décrit la Floride avec tellement de détails qu’on s’y croirait – et cette atmosphère étouffante permet de donner au récit une intensité particulière, d’autant plus inquiétante.

Malgré la lenteur de l’intrigue, le dénouement nous frappe de plein fouet une fois révélé, bien loin de tout ce que nous avions pu imaginer. Pour autant, certains éléments du récit semblent un peu flous, un peu faciles, parfois peu crédibles. Ils ne sont pas à la hauteur de ce que promettait tout ce suspense accumulé, toute cette tension narrative arrivée à son paroxysme – bien que ça ne m’ait pas empêché de dévorer ce livre en une journée. C’est typiquement le genre de polar que j’apprécie énormément, fouillé, analytique et immersif, même si je pense que l’auteure aurait pu aller encore un peu plus loin dans son dénouement, en donnant également un peu plus de contexte à certaines péripéties.


Résumé de l’éditeur :

Lorsque, à la fin du lycée, Lane Fielding a fui Waddell, sa ville natale au fin fond de la Floride, pour l’anonymat de New York, elle s’est juré de ne jamais y revenir. Pourtant, vingt ans plus tard, fraîchement divorcée et mère de deux filles, elle se retrouve contrainte de retourner vivre chez ses parents, sur la plantation historique de la famille. Un lieu hanté par le passé et les crimes sinistres de son père, ancien directeur d’une maison de correction.
La disparition de sa fille aînée vient confirmer la malédiction qui pèse sur cette ville. D’autant que dix jours plus tard, une étudiante se volatilise à son tour. Lane, désespérée, entreprend alors de faire tomber les masques autour d’elle pour découvrir si quelqu’un n’a pas enlevé sa fille afin de se venger des crimes de son père.

Sous les eaux noires questionne la solidité des liens familiaux et le danger des sombres rumeurs qui peuvent courir dans une petite ville de province… tout en montrant qu’il n’y a parfois pas de pire endroit que le foyer parental.


Dans le sillage d’une tragédie, il faut parfois répéter aux témoins ou aux victimes que tout est terminé. Elle le sait pour l’avoir déjà fait. Après avoir collecté les informations, elle s’est déjà assise à côté d’eux en leur tapotant la main, en leur proposant une bouteille d’eau. C’était l’aboutissement qu’elle recherchait en permanence pendant ses reportages, l’instant où elle pouvait dire que tout était terminé. Elle démêlait les faits, découvrait la vérité, offrait aux autres le sentiment d’un ordre restauré. Tout va bien. Vous êtes en sécurité. Aujourd’hui c’est elle qui aimerait être rassurée afin de reconnaître de nouveau le monde autour d’elle, savoir dans quelle direction avancer, quelle décision prendre. C’est ce dont les personnes dans ses articles avaient besoin, plus que de toute autre chose, et elle le leur apportait en privilégiant son propre intérêt, pas le leur. Elle s’en rend compte à présent qu’elle a rejoint leurs rangs.

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