🙋🏼Grand Prix des Lectrices Elle 2020
Un père pasteur, une mère avocate et une fille… meurtrière ? C’est cet improbable trio qui constitue cette « famille presque normale » évoquée dans le titre. Lorsque Stella est incarcérée pour le meurtre d’un homme d’affaires, ses parents tombent des nues, surtout son père, qui cherche à reconstituer la suite de ratés ayant conduit à cet épisode invraisemblable. C’est lui qui prend la parole en premier dans ce roman choral, décrivant son effarement, mais aussi sa détermination à faire tout ce qu’il lui sera possible pour sauver sa fille. Quand il s’agit de protéger ceux qu’on aime, les notions de bien et de mal sont-elles toujours aussi tranchées ?
M.T. Edvardsson nous apporte sa propre réponse, toute en circonvolutions, à cette question cruciale. A travers les yeux du père, puis de la fille, puis enfin de la mère, il décortique les relations familiales au scalpel, déconstruit la figure du père pour la reconstruire sur la fin, et explore les incompréhensions inhérentes qui peuvent s’enraciner dans un cercle familial pourtant limité à trois personnes. J’ai trouvé que la multiplicité des points de vue amenait parfois des redondances dans le récit, tandis que l’analyse fine des pensées et sentiments des protagonistes faisait traîner en longueur certains épisodes au détriment d’autres, bâclés voire éclipsés pour maintenir un peu de suspense.
Même si j’ai salué la construction efficace du roman et le coeur juridique judicieux de l’intrigue, il m’a été difficile de m’attacher au personnage de Stella et la dernière partie m’a semblé un peu trop bien ficelée dans une histoire aussi chargée émotionnellement.
Il n’existe pas de famille normale.
Faites connaissance avec la famille Sendell. Le père, Adam, est un pasteur respecté dans la petite ville de Lund, en Suède. Sa femme, Ulrika est une brillante avocate. Leur fille, Stella, dix-neuf ans, s’apprête à quitter le foyer pour un road trip en Asie du Sud-Est. C’est une famille normale, une famille comme les autres. Et comme toutes les autres familles de la ville, les Sendell sont horrifiés quand un important homme d’affaires, Christopher Olsen est retrouvé assassiné. Ils le sont plus encore quand, quelques jours plus tard la police vient arrêter Stella. Comment pouvait-elle connaître Olsen, et quelles raisons auraient pu la pousser à le tuer ? Il ne peut s’agir que d’une erreur judiciaire.
Dans ce récit en trois parties, chacun des membres de la famille tente à son tour de recomposer un puzzle dont il n’a pas toutes les pièces. C’est d’abord Adam qui s’exprime, puis Stella, et enfin Ulrika. Chaque fois, de nouvelles perspectives se font jour, la version précédente est remise en question, la vérité s’échappe. La seule évidence qui s’impose très vite, c’est qu’il n’existe aucune famille » normale « .
J’aurais juste voulu qu’Ulrika et moi ayons pris les problèmes de Stella plus au sérieux. Que nous ayons réagi plus tôt. J’ai honte en y pensant, mais le plus gros obstacle était sans doute notre orgueil. Pour Ulrika comme pour moi, s’adresser aux institutions de la société aurait signifié un échec radical. Cela peut sembler égoïste, mais c’est en même temps assez humain, et l’idée n’est peut-être pas complètement idiote malgré tout. Nous avions placé la barre très haut en prétendant être les meilleurs parents que nous pouvions pour notre enfant, mais nous n’avons pas été à la hauteur de nos ambitions.
Les choses ne seraient peut-être jamais allées aussi loin.
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