
Julien et Loïs ont beau être frères, ils n’ont pas grand chose en commun. L’un passe ses journées à faire des statistiques sur l’avenir pour une grande compagnie d’assurances tandis que l’autre sillonne le monde pour déterrer des vestiges du passé. Ils ne se parlent même plus vraiment, jusqu’au jour où Loïs reçoit une lettre écrite de son frère : Julien a découvert quelque chose chez Endless qui l’a poussé à disparaître. Mais quoi ?
Les Âmes frères est un roman incroyablement complexe, de par sa construction, déroulant patiemment une intrigue parfois déroutante, mais aussi de par la quantité de sujets qu’il aborde avec beaucoup de maîtrise. A la croisée entre un roman filial et une intrigue policière, Les Âmes frères nous plonge dans une actualité récente : celle de la tertiarisation du monde du travail d’abord, avec un portrait acéré de la multinationale Endless, berceau de l’intrigue, puis celle de l’expansion de Daech au Moyen-Orient ensuite, fait récent dont toutes les conséquences restent à appréhender. Malgré ce parti-pris très actuel, c’est un livre qui aborde aussi des thèmes immémoriaux : les rapports filiaux parfois conflictuels et teintés d’incompréhension, l’impact des traumatismes d’enfance sur des frères devenus adultes et l’incapacité des parents à comprendre leur progéniture.
Fabrice Tassel nous sert dans ce roman une intrigue redoutablement efficace, nous tenant en haleine dès les premières pages, et révélant les indices au compte-gouttes jusqu’à la dernière page. Avec une pointe d’ironie, il nous offre une vision sans fard de notre société moderne, et interroge la notion de bien et de mal avec une galerie de personnages à la fois attachants et potentiellement détestables.
Julien et Loïs sont frères. Ils s’aiment, ont grandi comme des jumeaux, vivent à Paris à quelques kilomètres l’un de l’autre. Pourtant, depuis deux ans, ils ne se parlent presque plus. Julien, l’aîné, est statisticien : il se projette dans le futur en analysant le comportement des clients d’Endless, une grande compagnie d’assurance. Loïs, le cadet, s’intéresse à l’autre extrémité du Temps : il est archéologue. Tous deux sont épris de vérité : Julien aime la rigueur des chiffres, Loïs les mystères du passé.
Mais un jour, Julien disparaît et envoie à Loïs une étrange lettre. Il l’y invite à enquêter sur Endless, secoué par un grave conflit interne…. mais aussi à revisiter leur passé. Une façon, peut-être, pour les deux frères de se retrouver.
Petit à petit, le jeu de piste se transforme en piège et Loïs s’interroge. La fraternité n’est-elle pas le plus ambigu des sentiments familiaux ? Un lien sacré, éternel, à l’image des statues mises à nu lors des fouilles ? Un lien sauvage, aussi, qui abrite l’amour passionné comme la cruauté la plus perverse…
La fraternité est sans doute le plus trouble, le plus ambigu des sentiments familiaux. La mauvaise herbe de cet amour qui vient du sang. Le plus compliqué à situer, le moins vital, parfois le plus léger et le plus joyeux aussi. C’est un territoire naturel où règne une brutalité sauvage. Les règles y sont tantôt d’airain, tantôt méprisées et balayées d’un souffle. Une zone où l’on se permet tout, sans seconde chance. « Parce qu’on est frères. » « Parce qu’on est soeurs. » S’aimer y semble évident, se détester est presque un droit, couper les ponts est une solution définitive osée si facilement. On ne se rend pas compte quand on fait trop mal. « A la vie, à la mort », la devise des frères d’armes. On peut aussi frôler des zones frontières comme l’amitié et le sexe, tout y est possible. En comparaison l’amour filial est presque simple, balisé par ses codes verticaux, le respect, l’autorité. La fraternité est horizontale, ouverte à la passion, la concurrence et la jalousie, l’admiration, le mépris et la haine. Surtout, elle n’a pas de limites.
Plus d’informations et de citations sur Babelio.