404 Sabri Louatah Editions Flammarion Rentrée littéraire 2020 The Unamed Bookshelf

France 2022. Le monde est chamboulé par les « mirages », ces vidéos retouchées par des intelligences artificielles et rendant la distinction entre le vrai et le faux impossible. Ali retrouve Allia à Paris après de nombreuses années de nouvelles éparses, et découvre avec intérêt la nouvelle technologie que son amie a mise au point : 404, un flux vidéo impossible à capturer, et donc impossible à falsifier. Dans un contexte de montée des communautarismes, un tel outil peut se révéler bien plus dangereux que prévu…

Il y a quelques années, j’avais été soufflée par la saga des Sauvages, première incursion de Sabri Louatah dans le domaine littéraire – je n’en étais que plus impatiente de découvrir son nouvel opus. 404 n’a malheureusement pas su répondre à ces attentes. Le début est prenant, on découvre une société minée de l’intérieur par des technologies utilisées à mauvais escient, et une génération de jeunes adultes brillants d’origine arabe ayant réussi dans la vie mais toujours contraints de se battre pour exister dans une société française différenciant encore les Français de souche des autres. Cependant, dès le transfert de l’intrigue dans l’Allier, le roman commence à prendre du plomb dans l’aile : l’intrigue manque de crédibilité, à commencer par l’attachement aveugle et inconditionnel d’Ali à Allia qui l’entraîne à tout quitter pour devenir modérateur de 404, le rythme est très lent, avec peu d’actions qui apparaissent comme des flashs très rapides dont on ne comprend pas toujours tout et l’histoire prend un tour assez déconcertant, avec l’installation massive des arabes dans l’Allier, suscitant des réactions extrêmes de la part de la population locale.

Sabri Louatah m’a malheureusement perdue avec ce roman manifestement longuement réfléchi mais pour autant pas toujours très clair. Je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages, notamment à Ali, homme transparent par nature, servant uniquement d’observateur pour permettre à l’auteur de dérouler son intrigue. Finalement, je me suis un peu ennuyée pendant ma lecture, malgré le futur proche terrible que ce livre prédit à notre pays.


Résumé de l’éditeur:

« « Rentre dans ton pays. Entendre ça alors que ça fait soixante-dix ans qu’on vit en France ! Mon petit Rayanne c’est la quatrième génération, il va falloir combien de générations pour que vous nous foutiez la paix ? Combien ? », s’emporte un des personnages de mon roman.
Avec 404j’ai voulu regarder la brèche, sans ciller, et raconter cette tragédie française de la partition et de la séparation ethnique à travers le destin d’une poignée de personnages réunis dans une petite commune de l’Allier. Pile au centre de la France et de toutes les tensions qui la traversent… »

Sabri Louatah signe un puissant thriller politique et rural. En explorant ce que l’on décide collectivement de ne pas voir, il raconte un pays qui se creuse dans le pays et ajoute à notre roman national un chapitre plein de bruit et de fureur.


Toutes sortes d’experts sont appelés en renfort dans les rédactions pour récupérer les archives de 404, et retrouver au moins l’entretien avec cette mère célibataire à qui l’on attribue spécieusement l’invention de l’expression « génération 404 ». Bien sûr les experts ne parviennent pas à récupérer quoi que ce soit. Ils n’ont jamais vu une technologie telle que celle de 404. Il n’y a tout simplement pas d’archives à ressusciter, pas de mémoire à ranimer. C’est du pur écran, tout en étant un écran pur.

Un journaliste spécialisé dans le journalisme se gausse de la démarche en rappelant qu’il n’y a pas de réalité pure, qu’un cadre, c’est déjà un choix, une coupure opérée dans le réel. Un autre journaliste lui répond dans ses propres colonnes qu’à l’heure de l’intelligence artificielle montrer le coin du réel qu’on montre sans possibilité de l’altérer constitue déjà un progrès appréciable.

Le débat est lancé, Allia se frotte les mains.

Plus d’informations et de citations sur Babelio.