Nuits d'été à Brooklyn, Colombe Schneck, Editions Stock Romans The Unamed Bookshelf

Lorsqu’Esther, jeune française juive, emménage à New York pour son stage de journalisme, elle ne se doute pas que cette expérience aura un tel impact sur sa vie. Lors de ces quelques mois d’été 1991, elle va rencontrer l’amour, le vrai, pour la première fois, faire ses premières armes de journaliste au beau milieu d’un conflit racial extrêmement violent entre Juifs et Noirs et s’intéresser pour la première fois à l’histoire de sa famille, tue pendant des générations. Sacré programme à caser en 290 pages !

Colombe Schneck nous offre avec ce roman une histoire d’amour impossible digne des plus grands films hollywoodiens, une histoire difficile et belle qui révèle la scission de la société américaine, tout en niant complètement le racisme et l’antisémitisme latent, en magnifiant l’instant présent, une bulle de tendresse entre deux êtres si différents. Avec un style haché et brut, et une construction chronologique bouleversée, elle donne à son récit une impression d’urgence : ils n’ont que quelques mois pour vivre leur amour, tandis qu’à Crown Heights l’escalade des affrontements ne prend que quelques heures. Tout va trop vite dans ce livre, les sentiments, les événements nous submerge, on voudrait faire pause et prendre le temps de souffler un peu, de profiter, mais ce n’est pas comme ça que ça se passe dans la vraie vie, alors Colombe Schneck nous entraîne, inexorablement.

Nuits d’été à Brooklyn est un roman incroyablement prenant, qui propose un éclairage sur la question raciale aux Etats-Unis, tout en finesse, en montrant les limites des uns et des autres, l’hypocrisie parfois involontaire, les incompréhensions récurrentes – tout ces petites choses qui appellent à plus de tolérance.


Résumé de l’éditeur :

« Appelons-le Frederick, il a 41 ans, il est professeur de littérature, spécialiste de Flaubert, marié, père de Lizzie, 15 ans et vit, au moment des faits, l’été 1991, dans une jolie maison en briques à trois étages dans le quartier de Carroll Gardens à Brooklyn. Frederick trompe sa femme. Sa maîtresse s’appelle Esther, elle est blanche, juive, parisienne, évidemment plus jeune. Elle vient de terminer ses études de journalisme. Elle est en stage de trois mois à New York. Cet adultère est un évènement minuscule, mais la vie personnelle est plus importante que les mouvements du monde, tant qu’on a la capacité d’y échapper. »

Pourtant ce sont bien les mouvements du monde qui vont rattraper Frederick et Esther.
Août 1991, à Crown Heights, un quartier résidentiel de Brooklyn, un juif renverse accidentellement deux enfants noirs qui jouent de l’autre côté de la rue. L’un d’eux est tué sur le coup. Ce quartier où cohabitent difficilement les deux communautés se retrouve très vite à feu et à sang, les rues résonnent aux cris de « morts aux juifs » et « vive les nazis », les magasins sont pillés et les voitures brûlent. Pendant que la réaction policière tarde à venir, Rabbins, révérends, mères de famille, journalistes et simples citoyens s’affrontent, cherchant la faute et la violence dans le regard de l’autre.
L’histoire d’amour entre Esther et Frederick ne survivra pas à ces événements qui les opposent jusqu’à la rupture. Esther ne s’en remettra pas et passera 25 ans à ressasser son amour perdu et à essayer de comprendre ce qui s’est joué lors de cet été 1991. Ce livre est le récit de sa quête pour répondre à la question posée un jour par son amant : Pourquoi ne pouvons-nous pas nous aimer les uns les autres ?

Le roman, écrit d’une plume alerte et qui touche toujours juste, que tire Colombe Schneck de ces événements bien réels transporte autant qu’il questionne sur les thèmes malheureusement actuels du racisme et de l’antisémitisme mais toujours en nous parlant la langue universelle de l’amour et de l’espoir.


Je vois le genre, ça c’est bien un Noir pour les Blancs. Je parie qu’il doit parler doucement et passer sa vie chez le coiffeur pour que pas une boucle ne dépasse. Vous aimeriez choisir vos interlocuteurs noirs, des hommes et des femmes qui vous ressemblent, parlent comme vous, ont les mêmes habitudes, les mêmes façons de s’habiller, de se coiffer, de ne pas parler trop fort, de définir les combats et la façon de combattre ! Eh bien voyez-vous, je ne suis pas d’accord. Il était où votre ami Frederick Armitage en 1985 quand Bernhard Goetz a tiré sur quatre jeunes qui faisaient la manche dans le métro et qu’on disait que c’était de la légitime défense ? Et en 1986, quand Michael Griffith a été tué à Howard Beach par un groupe de Blancs, que le proc disait qu’il s’était mis lui-même en danger en traversant un quartier blanc ? Et qu’on manifestait et qu’on se faisait traiter de « sales nègres » ? Il était où le gars bien coiffé avec son joli costume ? Nulle part.

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