Le cerbère blanc, Pierre Raufast, Editions Stock, Collection Arpège, Mars 2020, The Unamed Bookshelf

Mathieu et Amandine sont inséparables depuis leur naissance. Ils se sont toujours imaginé finir ensemble, se marier pour de vrai et avoir des enfants tous les deux – jusqu’à ce que la vie, ou la lâcheté de Mathieu, n’en décide autrement. Après le décès de ses parents, Mathieu part à Paris étudier la médecine pour apprendre à combattre la mort, et Amandine reste, seule, dans la vallée de Chantebrie. A tour de rôle, ils nous racontent leur histoire, cet amour increvable, les difficultés de la vie et les blessures que l’on porte avec soi, avec sensibilité, philosophie et ironie, parfois. C’est une histoire de vie et de famille chamboulée, une histoire de mauvais et de bons choix, qui raconte la difficulté de vivre avec son passé et sa culpabilité, et de survivre à ceux qu’on aime.

Pierre Raufast avait réussi à me séduire avec ses romans gigognes, ses petites poupées russes littéraires où les histoires s’emboitaient les unes aux autres et où l’on passait d’un personnage à l’autre (voir notamment La fractale des raviolis). Ici, il réussit l’exploit de changer complètement de style, en suivant Mathieu et Amandine tout au long de leur vie, en détaillant leurs peines et leurs joies, et en abritant d’autres histoires sous l’ombre réconfortante de la leur. L’humour est toujours présent, mais distillé par petites touches, libre au lecteur de rire ou de pleurer, l’auteur ne fait que suggérer. Ce qui prime avant tout, ce sont les sentiments, les ressentis, les réflexions, tout ce qui habite chacun d’entre nous au quotidien, mais qu’on trouve rarement dans les livres. Je me suis identifiée à ces deux personnages comme rarement, émue par leurs déconvenues et réjouie par leurs succès. Et ce petit twist à la fin… du grand Pierre Raufast, qui trouve toujours comment nous surprendre au moment où on s’y attend le moins !

Bien entendu, je suis totalement biaisée parce que j’ai aimé absolument tous les livres de Pierre Raufast, mais celui-ci est particulièrement réussi, à mon humble avis. C’est un roman délicat et vrai, sur la vie telle qu’on la connaît, ou presque, sur des gens normaux, ou presque, sur des questions qu’on se pose tous, ou presque, et c’est ce qui fait tout son charme.


Résumé de l’éditeur:

Choyé par les siens, Mathieu vit une enfance idyllique dans la vallée de Chantebrie. Mais tout bascule le jour où il perd ses parents dans un accident tragique. C’est décidé, il consacrera sa vie à défier la mort. Il quitte sa vallée et Amandine, sa fiancée, pour suivre des études de médecine à Paris. Là, il travaillera pour un taxidermiste dont la plus belle pièce est un mystérieux cerbère blanc…
Mais peut-on vraiment oublier son passé ?
Tiraillé par ses démons, ses regrets et son ambition, Mathieu ira d’aventure en aventure jusqu’à ce lieu ultime, interdit, duquel il reviendra transformé.

Dans ce roman, Pierre Raufast joue avec l’imaginaire et la fantaisie pour aborder des sujets graves : le culte de la jeunesse, la peur du déclin, la folie d’une société qui croit pouvoir nier la mort. Il est aussi question de métamorphoses ; de l’amour, de nos choix et de nos âmes.


A cette époque, j’avoue m’être interrogée sur le rôle réel des hommes dans une vie de femme. La mère lionne a uniquement besoin d’un lion protecteur, car son petit suffit à son amour. Les mantes religieuses croquent le mâle afin de nourrir l’enfant à venir. Les abeilles s’en sortent très bien avec très peu de faux-bourdons. La nature parle, les humains font semblant. L’amour serait-il une vaste comédie destinée à nous occuper ?

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