Connaissez-vous la famille Nerrouche ? Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de vous familiariser avec leur arbre généalogique pour le moins bordélique, je ne peux que vous recommander de vous y jeter tête la première dès maintenant ! Dans sa saga Les Sauvages, Sabri Louatah met en scène cette famille kabyle caricaturale et résolument attachante, en la plaçant au coeur d’un tragique complot visant le candidat socialiste à la présidentielle, Idder Chaouch, qui, comme son nom l’indique, serait le premier président arabe de la République française.
Dans cette famille Nerrouche donc, ils sont très nombreux, ils parlent fort, ils ne sont d’accord sur rien, ils placent des mots en kabyle dans toutes leurs phrases, ils sont affectueux, et s’adorent tous les uns les autres (ou presque). Entre Rabia, qui parle tout le temps, son fils Krim qui fume des joints et fait des conneries avec Gros Momo, Fouad l’acteur de télévision faisant la fierté de la famille, et la mémé qui tire les cartes aux voisines, on est servis. Chacun y va de sa petite magouille, entrainant sans le savoir la grande catastrophe finale. Cette famille a beau être haute en couleur et caricaturée à l’excès par l’auteur, il réussit l’exploit de ne jamais tomber dans le péjoratif et les raccourcis faciles, donnant une épaisseur appréciable à chacun des personnages, aussi nombreux soient-ils.
Réutilisant des mécanismes de série télévisée, Sabri Louatah parvient à nous maintenir en haleine pendant l’ensemble des quatre tomes de sa saga, ce qui n’est pas une mince affaire. Par son écriture graphique et la vivacité des dialogues, il nous donne l’impression de vivre littéralement l’histoire à côté des personnages, totalement immergés. En un mot, c’est une réussite !
Un samedi de mai, à Paris. Sur les affiches et les écrans, un visage souriant promet à la France que « l’avenir, c’est maintenant ». Pour la première fois, le favori de la présidentielle est un candidat d’origine algérienne.
Le même jour à Saint-Étienne. Dans la turbulente famille Nerrouche, c’est la fièvre des préparatifs de mariage. On court, on s’engueule, on s’embrasse… Mais le jeune Krim, témoin du marié, ne cesse d’aller et venir, en proie à une agitation croissante dont personne ne comprend la cause.
Est-ce l’atmosphère de malaise entourant l’alliance entre un Kabyle et une Arabe ? La rumeur selon laquelle le jeune époux est homosexuel ? Ou bien est-ce le flot de SMS que Krim reçoit de son mystérieux cousin ?
En vingt-quatre heures seulement, tous les fils se nouent et se dénouent : la collision entre le destin d’une famille et les espoirs d’un pays devient inévitable.
L’ambition et la fluidité de l’écriture des Sauvages, avec son étonnante galerie de personnages tour à tour émouvants et drôles, terrifiants et tragiques, l’apparente à la grande tradition romanesque du XIXe siècle. Son sens aigu de la narration et du rythme le rapproche des séries américaines les plus modernes. Les Sauvages se lit d’une traite, jusqu’à sa fin spectaculaire.
Salle des fêtes, 15H30
Il allait bientôt falloir décider : qui resterait «tranquille» à la salle des fêtes et qui partirait pour la mairie. La famille de la mariée était trop nombreuse et tout le monde ne pourrait pas tenir dans l’hôtel de ville, surtout que monsieur le maire n’était pas réputé pour sa patience dans ce genre de situations. Son prédécesseur (divers gauche) avait tout bonnement interdit les mariages le samedi pour épargner aux paisibles habitants du centre-ville les klaxons, le raï et les bolides flanqués de drapeaux vert et blanc. Le maire Fayolle, quoique UMP, avait levé l’interdiction, mais il n’hésitait pas à en brandir la menace à chaque fois qu’une smala survoltée semait le boxon dans la maison de la République.
Parmi ceux qui ne comptaient plus bouger figurait en bonne place, assise sur sa couscoussière, la tante Zoulikha qui s’éventait avec le 20 minutes du jour, celui auquel Ferhat avait arraché la première page qui titrait : «L’ÉLECTION DU SIÈCLE». Le vieux Ferhat portait une invraisemblable ouchanka vert-de-gris qui le faisait suer des oreilles. Son petit-neveu Toufïk avait essayé de le ramener à la raison mais dès qu’on abordait le sujet, Ferhat esquivait d’un plissement de menton avant de baragouiner des analyses sur les derniers sondages, d’une voix douce et presque professorale qu’on ne lui connaissait pas.
Plus d’informations et de citations sur Babelio.
Tu m’as intriguée !
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Mission réussie alors !
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🙂
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