La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose Diane Ducret J'ai Lu Flammarion The Unamed BookshelfSoyons très honnêtes, la première fois que j’ai vu cette couverture et lu ce titre, je me suis dit que ce n’était pas un livre pour moi. Et puis j’ai rencontré Diane Ducret et je me suis dit que les livres écrits par une femme aussi brillante me plairaient forcément – et je n’avais pas tellement tort. Dans ce roman, injustement associé à la catégorie des feel-good légers et souvent superficiels, Diane Ducret utilise la fiction pour raconter le parcours semé d’embûches qu’elle a traversé depuis sa naissance, une accumulation de coups du sort et d’épreuves difficiles, dont celle qui l’a privée, pendant dix ans, de la capacité de marcher. Elle revient sur son enfance sans parents, son accident d’équitation, ses dérives d’adolescente en recherche de sensations fortes, les abus de son premier compagnon, sa guerre contre le handicap. C’est difficile à croire et pourtant, tout est vrai, comme nous l’indique le prénom de l’héroïne, Enaid, anagramme de Diane.

Si le début du livre est en effet plus humoristique que sérieux, on retrouve très vite derrière le ton léger et les anecdotes amusantes une véritable réflexion sur la vie, un regard acéré sur notre société et une volonté farouche de tirer parti des épreuves. C’est un livre incroyablement honnête et personnel où l’auteure prend le parti pris du rire pour raconter les aléas de sa propre vie. Passant sans détours de l’humour à l’émotion, elle ne cherche pas à embellir les choses, à romancer pour séduire, à cacher ce qui fait honte, elle raconte sa vie telle qu’elle a été, dans toute son injustice et sa noirceur, avec ses petites éclaircies qu’elle s’est efforcée de saisir.

Alors oui, c’est un feel-good book dans le sens où cette histoire nous encourage à nous accrocher à la vie, à ne jamais accepter passivement ce qui nous est présenté comme impossible et à se battre pour soi-même envers et contre tout. Mais j’y ai trouvé une belle écriture, une intelligence fine et une véritable réflexion qui m’ont toujours fait défaut dans ce type de romans. Un conseil : ne vous arrêtez pas à la couverture !


Résumé de l’éditeur:

Comment s’aimer soi-même quand la vie fait tout pour l’empêcher?

Après avoir été quittée par téléphone, Enaid se rend à l’évidence : les fées qui se sont penchées sur son berceau ont dû s’emmêler les pinceaux. Comment expliquer, sinon, la sensation qu’elle a depuis l’enfance qu’il lui a toujours manqué quelqu’un?
Mais dans la vie, on a le choix : on peut se laisser choir ou faire le saut de l’ange. Être boiteux ou devenir un flamant rose. Sur ses jambes fragiles, tenir en équilibre avec grâce par le pouvoir de l’esprit, un humour décapant et le courage de rester soi.


Il faut avoir l’esprit bien étroit pour voir dans les astres des ustensiles de cuisine. Les hommes sont ainsi : ils mettent un nom, une forme connue sur une chose, et disent ensuite fièrement qu’ils la connaissent. Que m’importe cette connaissance-là. D’autres, avant nous, l’ont appelée autrement, d’autres après, feront de même. L’étoile ne sait pas ce qu’est une casserole, mais nous, pour nous rassurer de ne pouvoir la toucher, nous avons besoin de la nommer. Dater, analyser, circonscrire, c’est là tout notre pouvoir sur le monde. J’y vois les rêves de plusieurs milliards d’humains, des souhaits qui veulent être entendus, j’y vois quelques chose qui n’a pas besoin de nous pour briller. Je n’ai pas envie de me repérer, je veux me perdre, être éblouie. Une mer d’huile autour de nous reflète chaque étoile, comme des points scintillants sur l’ondée. Moi je veux ressentir, connaître par expérience, regarder les étoiles en face et les apprécier pour ce qu’elles sont, comme des êtres que je ne comprendrai sûrement jamais tout à fait, mais qui m’émerveilleront à chaque fois que je les retrouverai. Ne pas savoir grand-chose peut-être, mais être pour de vrai.

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