La vie que tu t'étais imaginée Nelly Alard Editions Gallimard Sissi Elissa Landi The Unamed Bookshelf

Intriguée par cette histoire d’enfant caché de Sissi, j’avais acheté ce livre sur une impulsion, sans vraiment savoir à quoi m’attendre. Dès les premiers chapitres, j’ai compris que le récit que j’avais entre les mains serait bien loin de ce que ma petite tête avait bien pu imaginer. A la fois roman, enquête et autobiographie, c’est un livre hybride qui surprend et captive, un livre sur les femmes fantasques et ambitieuses, qui se laissent guider par leur passion et suivent la vie là où elle veut bien les mener.

Nelly Alard nous livre les dessous de l’enquête obsessionnelle qu’elle a mené sur l’enfant de Sassetot, prétendue fille cachée de l’impératrice d’Autriche, alors même qu’elle cherchait à percer à Hollywood et au théâtre. De châteaux en archives, elle parvient petit à petit à reconstituer l’histoire de Karoline Zanadi Landi, avant de s’intéresser de près à celle de sa fille, Elissa Landi, actrice de cinéma dans les années 1920. A partir de là, son récit prend un tout autre tour et se recentre sur cette femme au destin peu commun, soi-disant petite-fille d’impératrice, étoile montante d’Hollywood, qui finit pourtant sa vie dans l’anonymat le plus total. C’est sa fille, Caroline, qui ouvre à l’auteure les portes de l’histoire familiale, et s’émerveille, de coïncidences en coïncidences, de voir en elle le double romanesque de sa mère.

D’abord présenté comme une simple enquête sur l’enfant de Sassetot, ce livre est finalement plutôt une quête d’identité pour Caroline et un voyage initiatique pour Nelly – autant vous dire que la quatrième de couverture ne lui fait pas justice. J’ai été entièrement happée par ce récit, mené d’une main de maître par cette auteure-actrice à l’honnêteté désarmante et à l’entêtement inébranlable. Ce fut l’occasion de découvrir un portrait plus nuancé d’Elisabeth d’Autriche, de m’immerger dans les années 1930 où crise économique en Europe rime avec essor du cinéma hollywoodien dans un eldorado américain où on se préoccupe bien peu de la montée du nazisme. Avec ses multiples facettes, c’est un récit d’une richesse et d’une densité rare, magnifiquement bien écrit, qui propose une analyse très fine de ses divers personnages féminins, tous pourtant de caractères bien différents. Vous l’aurez compris, c’est un coup de coeur.


Résumé de l’éditeur:

«Quand on ne connaît pas sa mère, on ne comprend pas ce qu’on fait sur cette terre», m’avait dit Caroline.

J’avais voulu en savoir plus sur Elissa Landi, j’étais servie. Sa vie tout entière était là, sous forme de coupures de presse, photographies, contrats avec ses agents et ses producteurs, programmes, agendas et lettres. Des milliers de lettres. Mais ce n’était pas tout. Dans ces cartons il y avait aussi la vie de la mère d’Elissa, Karoline Zanardi Landi, la soi-disant «fille secrète» de l’impératrice Sissi, que la plupart des historiens qualifiaient de mythomane.

Qui étaient vraiment Karoline Zanardi et sa fille Elissa, étoile filante d’Hollywood? Dans le chaos invraisemblable qu’étaient les vies de ces deux femmes, je me sentais tenue, par la confiance que m’avait témoignée Caroline, de démêler une histoire. Et puisque la fiction à laquelle elle avait cru depuis son enfance s’effondrait de toutes parts par ma faute, la seule manière de réparer les dégâts était de me mettre au travail.


D’où me venait cette passion pour le XIXème siècle ? J’avais la nostalgie d’un monde que je n’avais pas connu. Sitôt passé l’âge des contes de fées, j’avais découvert Balzac. Je rêvais de fiacres et de crinolines. J’aimais les chevaux, les châteaux, les appartements haussmanniens. Peu de choses fabriquées par les hommes me semblaient belles qui avaient moins de cent ans et je cherchais partout les traces de ce monde englouti, furieuse de l’injustice qui m’avait fait naître un siècle trop tard. A l’époque où je rencontrai Henry, j’habitais dans un immeuble construit, selon le Dictionnaire historique des rues de Paris, à l’emplacement de ce qui avait été l’hôtel particulier de Necker. Je me plaisais à imaginer qu’à l’exact endroit de mon lit se trouvait autrefois celui de la petite Germaine, future Mme de Staël – à moins que ma chambre n’ai été le salon où sa mère avait reçu le baron von Grimm, Diderot et d’Alembert. Partout, je voyais les fantômes d’un passé enfui. Sans cesse, je me racontais des histoires.

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