
Dans ce premier roman d’une intensité rare, Louise Browaeys nous dresse le portrait désabusé d’une femme qui a préféré tout oublier que de se confronter à la destruction continue de notre planète. Réaction extrême décrite comme une maladie purement féminine, la dislocation entraîne des femmes, allégories de notre Terre, qui refusent le rôle que la société leur a assigné : celui de mère nourricière qu’on peut piéter et dont on peut piller jusqu’aux dernières ressources. A travers ce conte fantasque mais terriblement réel, Louise Browaeys interroge notre rapport à l’écologie, notre inaction face aux catastrophes que nous vivons, notre construction sociale et notre capacité à y échapper.
Autour du personnage principal, cette femme à la mémoire percée, gravitent plusieurs protagonistes qui illustrent, chacun à leur manière, différentes réactions face à la crise écologique. K, totalement désabusé, a déjà abandonné d’avance, alors qu’il élève seul son fils dans ce monde finissant. Wajdi, au contraire, guette les signes pour tirer du positif de cette situation irrémédiable et trouver sa place, son rôle dans ce monde en transition. Emilie, elle, choisit la marginalité pour lutter à sa manière. Au final, se pose la question du rôle que nous devons jouer, chacun, face à l’urgence écologique, de l’attitude à adopter. Notre génération doit-elle continuer à se battre ou le combat est-il perdu d’avance ?
La dislocation explore une idée de plus en plus plébiscitée dans les médias : et si les femmes étaient plus soucieuses et inquiètes de l’écologie que les hommes ? Dans ce roman, c’est une femme conditionnée par son enfance atypique qui s’identifie à la Terre et ressent, au plus profond d’elle-même, la destruction en marche. Dans la réalité, ce sont des femmes politiques qui s’engagent de plus en plus en faveur de l’écologie et parviennent progressivement, à se faire élire à des postes-clés. Un thème d’actualité donc, traité dans un roman fascinant qui ne se contente pas de survoler les choses, mais bouscule, titille, inquiète, tout en soulevant habilement des questionnements profonds : une lecture indispensable pour penser le monde d’après.
Une jeune femme sort de l’hôpital, dépossédée de son identité et de son passé.
Elle voue une haine farouche aux psychiatres, fréquente les magasins de bricolage. Il lui arrive même de crever les pneus des voitures.
Temporairement amnésique, absolument indocile, elle veut repeupler sa mémoire et pour cela, doit enquêter. Un homme va l’y aider, sans rien lui souffler : Camille, dit K, ami et gardien d’un passé interdit.
Le souvenir d’un désert entouré de vitres, une fonction exercée au ministère de l’Agriculture, une bible restée ouverte au chapitre du Déluge forment un faisceau d’indices de sa vie d’avant. Quelques démangeaisons et une irrépressible envie de décortiquer le monde et les êtres qu’elle croise hantent ses jours présents.
Sa rencontre avec Wajdi, envoûtant et révolté, marquera son cœur et son esprit. Ce sera avant de gagner la Bretagne et, peut-être, de parvenir à combler les énigmes de son histoire prise au piège de l’oubli.
La trajectoire d’une femme cousue à celle de la planète, c’est le pari de ce premier roman en forme de fable écoféministe où la tragédie contemporaine côtoie l’espoir le plus fou.
Hypnotique, drolatique, libre et profondément humain.
Pour assurer notre survie, nous renonçons à la réalité embarrassante et nous espérons que tout finira par s’arranger. Mais le miracle ne survient pas. La beauté du monde nous reste étrangère ; elle ne peut pas nous sauver. Le monde appartient à ceux qui ne ressentent rien, je l’ai compris ici, à Saint-Brieuc, sous le feu du ciel qui tangue. Plus on est sensible, et plus on est condamné à errer comme un ragondin dans les canaux invisibles des égouts où il n’est toutefois pas exclu que nous puissions apercevoir les plus saisissants interstices de lumière. On est condamnés à errer précisément avec tout ce qu’on ignore de sa propre tristesse, de sa jalousie, de sa force, et qui se cognera encore, indéfiniment, sur les parois de cette galerie des glaces. Que peut-on découvrir si l’on a tout oublié ?Nous emprunterons toujours le même chemin, avec les mêmes branches, les mêmes comptines, les mêmes pierres, les mêmes poitrines étrangères. Je suis devenue une vieille commode dont les tiroirs sont scellés.
Plus d’informations et de citations sur Babelio.
Je viens de lire une chronique chez Mélie qui a détesté ce roman …
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C’est sûr qu’il est particulier, je pense qu’il faut adhérer au style de l’auteure et que ce n’est pas forcément le cas de tout le monde.
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il m’a plu, par son message,
mais c’est vrai, l’héroïne n’inspire pas la sympathie ou la compassion, tant elle est déjantée…
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Ah oui, c’est sûr qu’elle est spéciale. Mais je ne suis pas certaine que l’auteure ait cherché à inspirer de la sympathie ou de la compassion pour son héroïne, je dirais qu’elle essayait surtout de ne pas la montrer trop « humaine ».
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c’est ce que je pense aussi. En tout cas sa personnalité est très bien étudiée… et la réflexion sur la Terre est très approfondie
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Il est dans ma PAL, j’ai hâte de le lire et ton avis ne fait que me conforter dans cette idée !
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J’espère qu’il te plaira autant qu’à moi !
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