La femme qui reste, Anne de Rochas, Editions les Escales, Rentrée littéraire 2020, The Unamed Bookshelf

Le Bauhaus. Plus qu’une école, un mouvement, un élan, celui de ces jeunes qui, au sortir de la Première Guerre Mondiale, veulent reconstruire l’Allemagne, à leur manière. Pour eux, la fonction doit prendre le pas sur la forme, les objets et les bâtiments se doivent de faciliter la vie de ceux qui les habitent et les utilisent, pauvres comme riches. Précurseurs du design contemporain, Holger, Clara, Theo, Otti, Lux et les autres, mi-artistes, mi-artisans, sont pris dans un tourbillon qui leur est propre : celui de la création, des fêtes gigantesques, de leur avenir prometteur – tant qu’ils peuvent y croire. Leur élan se casse pourtant les dents sur un contexte politique de plus en plus inquiétant, les nazis prennent progressivement le pouvoir, tyrannisant les communistes, les juifs, et les membres du Bauhaus, jusqu’à la fermeture définitive de l’école, en 1933. Dans ce monde qui s’écroule autour d’eux, nombreux choisiront de fuir, vers l’Ouest ou l’Est, mais Clara, elle, restera, enchaînée à Berlin malgré elle, obligée de se renier et de se soumettre, pour survivre.

Avec cette fresque historique d’une richesse épatante, Anne de Rochas signe un roman au style évanescent, reflet d’un âge d’or disparu, où les jeunes ont cru pouvoir changer le monde avant qu’il ne leur explose au visage. Dispersés aux quatre coins du monde, les membres du Bauhaus ont continué à défendre leurs idées, mais jamais ils ne purent reconstituer entièrement l’esprit de ces années-là où, de Weimar à Dessau, ils avaient changé la vie des gens, la façon de créer et de fabriquer des objets du quotidien.

Au centre de cette Histoire avec un grand H, trois personnages sortis de l’imagination de l’auteure : Holger, Clara, Theo, triangle amoureux aux aventures mouvantes, féru d’indépendance et d’insouciance, courant après la vie pour en faire quelque chose d’unique. L’époque ne leur permettra pas vraiment de se trouver, leurs vies n’auront finalement plus grand chose en commun, une fois la guerre terminée – pourtant l’esprit du Bauhaus demeura toujours, à travers la distance et les générations, comme le prouve ce récit émouvant, cette réminiscence chatoyante qui nous y transporte aujourd’hui.


Résumé de l’éditeur:

Dans l’Allemagne exsangue et tumultueuse des années vingt, le Bauhaus est plus qu’une école d’art. C’est une promesse.
Au sein du grand bâtiment de verre et d’acier, Clara, Holger et Théo vont partager l’aventure intense et créative de la modernité. Les femmes y cherchent leur place. Des liens se tissent. Amitié, amour… Entre rêves d’Amérique et certitudes de Russie, les futurs se dessinent.
Bientôt, à Berlin, le temps s’assombrit. Lorsqu’à son tour l’école est prise dans les vents contraires de l’Histoire, les étudiants doivent faire leurs propres choix. Mais les convictions artistiques ou politiques ne sont pas les seuls facteurs qui décident du cours d’une vie.
À qui, à quoi rester fidèle, lorsqu’il faut continuer ?


C’est ça, la vie. Il y a toujours des manques. Alors on maquille, avait-elle pensé. C’est ça, la vie, un squelette, avec plein de petits trous, il faut juste ne pas se tromper. Trouver la bonne forme, et la fixer. Bien droit. Les plus petites sont les plus difficiles. On croit qu’elles se voient moins. C’est faux. En pleine lumière, c’est un trou noir. Alors on prend des pincettes. Et on retient son souffle pour ne laisser échapper aucun de ces minuscules morceaux de verre coloré qui feront illusion.
C’est ça, la vie. S’asseoir sur le vieux tabouret, écouter les bruits, écouter les filles à la pause raconter leurs histoires d’amoureux, leurs histoires de gosses.

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