La nuit du premier jour, Theresa Revay, Editions Albin Michel, Rentrée littéraire 2020, The Unamed Bookshelf

Avec le temps, j’ai appris à identifier d’un seul coup d’oeil les romans que j’aimerais à tous les coups – et ceux de Theresa Révay ont font souvent partie. Celui-ci, plus qu’un autre, réunit tous les éléments indispensables, pour moi, à un coup de coeur : une intrigue amoureuse et familiale, dans un contexte historique et politique bouleversé, la Première Guerre Mondiale, entre la France et la Grande Syrie de l’époque. Echappée incroyable vers le Levant, cette histoire est un voyage salutaire par les temps qui courent, et m’a permis de réenchanter, pour quelques heures, le morne paysage de cette fin novembre.

D’entre ces pages s’exhale le doux parfum de la fleur d’oranger, celui du thé servi dans des plateaux d’argent et cette odeur de poussière caractéristique des portes du désert. Theresa Révay parvient, à force de passion et mobilisation de nos sens, à nous transporter dans cet ailleurs perdu, cette Syrie que nous n’avons pas connue, avant la main mise européenne et les guerres civiles, quand le Levant était un tout, et que l’espoir d’un pays libre régnait dans les coeurs des différentes communautés. Histoire de la soie de part et d’autre de la Méditerranée, épidémie de grippe espagnole, tractations politiques au lendemain de la Grande guerre, coutumes lyonnaises et damascènes, toute la réalité d’une époque se déroule sous nos yeux ébahis, offrant à ce récit plein de rebondissements de formidables accents de vérité.

Loin de nous servir une histoire à l’eau de rose où les amoureux s’en sortent sans encombres, Theresa Révay soumet ses personnages aux sursauts de l’Histoire, aux hasards de la vie et aux joies qu’elle peut parfois réserver. La trame de ce récit est finalement aussi imprévisible et impétueuse que le caractère des personnages principaux, ces deux femmes, mère et fille pleines d’audace qui, malgré les revers, n’hésitent pas à se jeter dans l’inconnu pour réaliser leurs rêves et vivre pleinement leurs vies.


Résumé de l’éditeur:

Lyon, 1896. Blanche est l’épouse modèle d’un soyeux de renom. En dépit de son amour pour ses enfants, elle étouffe parmi ces bourgeois corsetés. Jusqu’à ce que son regard croise celui de Salim, un négociant fortuné de Damas. Elle abandonne tout pour la promesse inespérée du bonheur. Les routes de la soie deviennent celles de la passion et de l’exil. Tandis que sa fille grandit en la croyant morte, Blanche s’invente une nouvelle vie au Levant.
Quand la France entre en guerre, l’Empire ottoman réprime dans le sang la révolte arabe. Prises dans la tourmente, mère et fille choisissent chacune la liberté au prix fort. Resteront-elles à jamais séparées ? Ou seront-elles enfin, un jour, face-à-face aux confins du désert ?
De l’aube du XXe siècle à l’été 1920, des soieries lyonnaises aux ruines de Palmyre, Theresa Révay, l’auteure de La vie ne danse qu’un instant, nous emporte dans un grand roman de passion et d’histoire, sublime portrait d’une femme trop libre pour son temps.


De sa terre natale, la jeune femme avait reçu en héritage ce sens du fatalisme, cette lucidité à accepter l’improbable puisque l’âme orientale n’a pas renoncé à la part d’irrationnel qui entre dans une existence. On ne passait pas à côté de sa vie. On en empruntait le chemin avec plus ou moins de courage, de grâce et d’élégance. Elle porta une autre cuillerée à sa bouche, les cheveux d’ange craquèrent sous ses dents, et elle puisa de nouvelles forces dans ces arômes qui évoquaient mieux que n’importe quels mots la tendresse et le réconfort.

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