
Dès le départ, la vie de Liv Maria Christensen est le fruit d’un hasard, celui qui a amené un homme norvégien sur une petite île bretonne, où il est tombé amoureux. Dans la lignée de ce hasard fondateur, Liv Maria laissera sa vie être portée par les coups du destin, qui l’amène d’abord à Berlin dans les bras d’un professeur éblouissant, puis au Chili, tout en haut de la pyramide sociale aux côtés d’un riche amant, avant de la cloîtrer en Irlande, dans une vie banale, auprès d’un homme adorable, auquel elle tente de cacher son passé.
Comment se couler ainsi dans une vie diamétralement opposée à celles qu’on a déjà vécues ? Comment oublier ce qu’on a été, ce qu’on pourrait encore être ? Comment accepter de déposer ainsi au pieds d’un autre sa liberté si chèrement acquise ? Ce sont toutes ces questions que Julia Kerninon cherche à explorer dans ce court roman, plongeant au coeur de ses personnages en quelques pages. J’ai beaucoup apprécié renouer avec la plume de cette auteure que je suis avec intérêt depuis Buvard, découvert grâce au Prix Françoise Sagan 2014. Julia Kerninon a un don pour choisir les mots justes, pour susciter l’émotion en une ou deux phrases, et pour nous happer dans son histoire, quelle qu’elle soit.
Pour autant, je suis restée assez extérieure à l’histoire de Liv Maria Christensen, à part sur quelques passages, qui ont parlé à ma situation présente. Le texte passe si vite sur tant de péripéties, pourtant indispensables pour se mettre dans la peau du personnage – son accident et sa rémission par exemple. Il m’aura manqué ces petits détails, fruit d’une exploration plus profonde encore de ce récit, pour l’apprécier pleinement. C’était somme toute une jolie lecture, mais qui ne laissera qu’une maigre trace dans ma mémoire.
Son nom est Liv Maria Christensen. Enfant solitaire née sur une île bretonne, entre une mère tenancière de café et un père marin norvégien. Envoyée subitement à Berlin à l’âge de 17 ans, elle tombe amoureuse de son professeur d’anglais. Le temps d’un été, elle apprend tout. Le plaisir des corps, l’intensité des échanges. Mais, à peine sortie de l’adolescence, elle a déjà perdu tous ses repères. Ses parents décèdent dans un accident, la voilà orpheline. Et le professeur d’été n’était peut-être qu’un mirage. Alors, Liv Maria s’invente pendant des années une existence libre en Amérique latine. Puis, par la grâce d’un nouvel amour, elle s’ancre dans une histoire de famille paisible, en Irlande. Deux fils viennent au monde. Mais Liv Maria reste une femme insaisissable, même pour ses proches. Comment se tenir là, dans cette vie, avec le souvenir de toutes celles d’avant ?
Julia Kerninon brosse le portrait éblouissant d’une femme marquée à vif par un secret inavouable. Et explore avec une grande justesse les détours de l’intime, les jeux de l’apparence et de la vérité.
Que saisissons-nous des gens, la premières fois que nous posons les yeux sur eux ? Leur vérité, ou plutôt leur couverture ? Leur vernis, ou leur écorce ? Avons-nous à ce moment-là une chance unique de les percer à jour, ou est-ce que cet espoir est absolument vain, parce que le premier regard passe toujours à côté de ce qui est important ? Elle avait beau chercher, seul subsistait dans sa mémoire le visage d’un homme adulte, à la quarantaine vigoureuse, un professeur qui ne lui était rien.
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Et bien moi il m’a embarquée, l’auteure a trouvé les mots pour me toucher et suivre le destin de Liv Maria, son itinéraire, sa quête et cela a fonctionné dès les premières pages 🙂
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